OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’Internationale des hackers réunie en Serbie http://owni.fr/2012/05/10/linternationale-des-hackers-reunie-en-serbie/ http://owni.fr/2012/05/10/linternationale-des-hackers-reunie-en-serbie/#comments Thu, 10 May 2012 08:01:46 +0000 Florentin Cassonnet http://owni.fr/?p=109306 OWNI y était. L'occasion d'entendre des spécialistes de l'intrusion et du craquage. L'occasion surtout de confirmer que l'activisme politique ne peut plus se passer de l'hacktivisme. La société du spectacle a donné naissance à la société de surveillance, développée autour d'habiles fictions. Et l'activiste 2.0 est son sauveur. Entre bonnes bières et danses furieuses. Reportage.]]>

George "Geohot" Hotz sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Dom Omladine, la Maison de la jeunesse de Belgrade. George Hotz monte sur scène et le public de l’amphithéâtre plein à craquer siffle, crie, applaudit à tout rompre. Ici, George Hotz est une superstar.

Une superstar sans guitare mais avec une télécommande, un ordinateur devant et un écran derrière lui : Geohot est hacker. Mais un “white hat” hacker qui entend le hacking dans son sens de détournement de l’usage originel de l’objet. En 2007, il hacke le premier iPhone pour pouvoir utiliser son propre opérateur téléphonique et non seulement l’entreprise AT&T. Il a 17 ans. En 2009, il se fait la Playstation 3, de Sony. Avant de monter sur scène, il enfile une veste de costume qu’il retirera juste après. Il parle vite, comme si le monde entier parlait l’américain. Pourtant, il s’exprime devant un auditoire international, à Belgrade, en Serbie.

Dans les gradins, comme un cliché, pratiquement tout le monde a un ordinateur ou un téléphone connecté à l’un des six émetteurs wifi prévus pour l’évènement, avec bien souvent une page Facebook d’ouverte. La Share Conference est un mélange d’activisme par nouvelles technologies interposées et de concerts/fêtes/musique.

Échelle des valeurs

George Hotz raconte l’histoire qui lui a valu son procès contre Sony (qui s’est terminé à l’amiable en avril 2011). “Je n’ai pas pas le droit de parler du procès, mais… j’ai quand même écrit une chanson de rap dessus.” La salle se marre quand il commence à rapper. Entre autres vers : “Mais putain, ils sont une entreprise et moi je suis la personnification de la liberté pour tous“. Plus tard, dans les escaliers, le jeune hacker se fait arrêter par des filles pour une séance photo. Le geek activiste politisé est devenu le chevalier des temps modernes.

George "geohot" Hotz sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Chevalier des temps modernes ou “whistleblower” (lanceur d’alertes). C’est ainsi que Daniel Domscheit-Berg nomme les héros d’un monde où Bradley Manning (une taupe supposée de Wikileaks selon le Pentagone) serait en haut de l’échelle des valeurs. L’ancien numéro deux de Wikileaks qui s’est brouillé avec Julian Assange et une bonne partie de ses anciens collègues tente de développer depuis un an un site concurrent, Openleaks. Il s’agit, grâce à Internet, d’aller dans des endroits où on ne peut pas aller : “Est-ce que je connais l’agenda de mon gouvernement ? Non.” Internet serait un outil dans lequel des whistleblowers pourraient avoir confiance pour rendre publiques des informations, pour agir selon la morale et non forcément selon la loi : nouveau projet, nouvelles valeurs, nouveaux héros.

Activisme apolitique

Pourtant, l’évènement ne ressemble pas à un meeting de parti politique. Le ton n’est pas à l’endoctrinement, les conférenciers sont trop variés pour produire un discours monolithique, l’ambiance se rapproche de celle d’un festival où trop de choses ont lieu en même temps pour qu’une personne puisse assister à tout. Il faut donc s’élaborer son propre menu entre conférences, culture, sessions questions/réponses, séance et travail et bière au bar.

Rasmus Fleischer sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Le rassemblement est a priori apolitique, au sens où aucun parti conventionnel ne saurait s’en prévaloir, mais son contenu est hautement politique. Rasmus Fleisher, l’un des fondateurs du Bureau for Piracy et de Pirate Bay, parle de “contre-révolution du smorgasbord digital” (buffet à la scandinave).

Si Internet est coupé quelque part, en Serbie, en Égypte, en Tunisie, on a besoin d’organiser un ’sneakernet’ (un réseau de coursiers), un ‘radionet’, avec des pirates, etc. Il faut réussir à combiner la vitesse (d’Internet) et la lenteur (dont a besoin la réflexion).

Jérémie Zimmerman, de la Quadrature du Net, se met à distance de tout parti politique. Même des partis pirates. Car il ne joue pas dans l’arène partisane mais plus dans le lobbying au long cours, même s’il n’aime pas le terme. Il veut changer les esprits des gens – et des parlementaires. Il parle de “guerre : copyright versus partage”.

Et on peut gagner cette guerre sans verser une seule goutte de sang. Il faut protéger Internet comme un bien commun décentralisé et non comme une entreprise privée.

Jérémie Zimmermann sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Le lendemain, Andrew Keen, écrivain polémiste, dénoncera l’ambition de Facebook de devenir “le système opérateur central du réseau“.

Pouvoir danser

Il met en garde : “Big data companies are as exploitative as big oil companies or big pharmaceutical companies “. La veille, dans l’après-midi, Eben Moglen, l’inventeur de la Freedom Box, était sur l’écran pour délivrer son message. Vissé sur sa chaise comme accroché à sa cravate bleu clair, sa vidéo de 15 minutes prendra peu à peu l’allure d’un film d’horreur avec Big Data dans le rôle de Big Brother :

Partout sur la planète, dans les supposées démocraties comme la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, des lois et règlements sont mis en place pour collecter des données sur les citoyens. La search box (l’outil de recherche) livre ce qu’il y a dans nos têtes. Et Facebook, l’arme la plus menaçante pour la société, est entre les mains d’un enfant.

Si le fond de son intervention entre en résonance avec les propos de nombreux autres conférenciers, ce ton apocalyptique sonnait presque faux quand chaque soir, tout le monde partait faire la fête jusqu’à tard dans la nuit. Et ça se voyait sur les têtes à la reprise des conférences les lendemains midis.

DMX crew live DJ set (cc) Conférence Share, Belgrade, avril 2012

Présent lors de la première édition en 2011, Sam Graham Felsen, blogueur en chef de la campagne d’Obama en 2008, s’est lancé dans une définition de l’esprit :

Je ne veux pas de révolutions si je ne peux pas danser. C’est de ça dont il s’agit : créer le changement social tout en se marrant.

On retrouve ici le leitmotiv des Anonymous : haktivism et lulz (pluriel de lol ou la marrade virtuel). Mais rien de tout cela n’est neuf. Sauf que défiler derrière une camionette de la CGT avec Mireille qui chante du Renaud dans des enceintes saturées, ce n’est plus forcément la conception que les jeunes ont du “changement social tout en se marrant“.

Mourir dans 4 ans

Trois jours après la fin de Share Conference, je retrouve Vladan Joler à Novi Sad, troisième ville de Serbie. Il porte un T-shirt “Creative Commons”, répond ouvertement aux questions, mais garde toujours un oeil sur son fils de deux ans qui courre dans tous les sens. Ce serbe de 34 ans est le fondateur et directeur de Share Conference. Il revient sur l’évènement :

C’est un mix de gens de gauche, d’activistes, de hackers, qui sont généralement des cercles plutôt fermés, avec des fétichistes techno-Internet pour la révolution. Il s’agissait de rassembler au même endroit des enfants d’Internet, les mouvements d’open sources, des ONG, des universités, des gouvernements et des outils pour pouvoir voir the big picture.

Vladan Joler, fondateur de Share, à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

La première édition de Share Conference a eu lieu en 2011. Par exemple, était présent Sami Ben Gharbia, activiste sur Internet et opposant politique tunisien impliqué dans la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir. Et les conférenciers de 2011 ont servi de programmation décentralisée pour trouver les conférenciers de 2012. “On voulait déconstruire l’évènement. Le rendre expérimental à chaque étape et d’année en année“, explique Vladan Joler. D’ailleurs, il souhaite à Share de mourir dans 3-4 ans et de faire naître plusieurs “contre-Share“.

Les lieux sont faits pour accueillir 2000 personnes. La place était gratuite à condition d’avoir participé au projet, ne serait-ce qu’en faisant une affiche. Mais pour ça, il faut des sponsors, car le rassemblement de trois jours coûte 200 000€. Et malgré les nombreuses attaques contre la centralisation monopolistique de l’Internet, Google est de la partie. Il a participé pour 5% (10 000€), mais Joler assure que cette participation de Google les a surtout crédibilisés auprès des bailleurs locaux. Et qu’il reste certains départements de l’entreprise californienne encore dans l’esprit hacker. C’est une initiative gouvernementale serbe, Digital Agenda, qui représente la plus grosse part du gâteau avec 25% (50 000€). Sur ces 200 000€, le noyau dur des organisateurs (soit environ 5 personnes) ne s’est pas encore payé. Ils travaillent dessus depuis des mois pourtant.

Acupuncture de société

Vladan Joler n’est pas un novice de l’organisation. Il fait partie de ces jeunes serbes qui avaient organisé à l’été 2000 les 100 jours du festival Exit, pour sortir Slobodan Milošević du pouvoir. Il était devenu le directeur artistique du festival qui a aujourd’hui pris une envergure mondiale. Il a créé Share pour sortir du divertissement et revenir à un contenu plus radical. Après l’édition de 2011, certains ont été déçus que Share se soit pas le début de la révolution. Mais s’il apprécie les partis pirates, Wikileaks, Anonymous, 99% et consorts, il voit plutôt Share comme une “plateforme neutre pour ces groupes et initiatives“.

Et ce genre de plateforme sur multiplie. Point Conference à Sarajevo (Bosnie), Engage à Skopje (Macédoine), Re:publica à Berlin… “Acupuncture de société“, c’est ainsi qu’il définit sa démarche hors des ONG et des partis politiques. Activisme politique, vision du futur et internationalisme : certains peuvent y voir le renouveau d’utopies politiques qui manquent aujourd’hui à une gauche de gouvernement.

D’ailleurs, avant de naître, le rassemblement a failli s’appeler “Le Printemps de Belgrade”. Et le printemps arabe, lui, n’avait pas encore commencé.


Photographies via Share Conference [CC-bysa]

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Les Anonymous dévoilent Ennahdha http://owni.fr/2012/04/17/les-anonymous-devoilent-ennahda/ http://owni.fr/2012/04/17/les-anonymous-devoilent-ennahda/#comments Tue, 17 Apr 2012 10:53:05 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=106286 OWNI s'est entretenu, ont installé sur des serveurs plus de 3 000 mails de dirigeants du parti islamiste tunisien Ennahda, actuellement au pouvoir. Dont certains se révèlent embarrassants pour le gouvernement. Un email dévoilé hier envisageait des manoeuvres en vue d'intégrer la charia au droit tunisien, en dépit des déclarations officielles. D'autres évoquent des opérations financières douteuses.]]>

Depuis le début du mois d’avril, des milliers d’emails de dirigeants du parti Ennahdha, au pouvoir en Tunisie, sont piratés et diffusés par les Anonymous. Hier, une nouvelle vague de fuites contenait des documents potentiellement embarrassants pour les dirigeants d’Ennahdha. Ces courriels proviennent du ministre de la l’Agriculture, Mohamed ben Salem.

On peut y lire en particulier un procès-verbal du bureau exécutif d’Ennahdha daté du 19 mars dernier (en arabe). Le document indique que les membres du bureau ont évoqué l’idée d’une opération de déstabilisation contre les institutions internationales qui participent au soutien financier de la Tunisie – soit le FMI, l’Union européenne et la BCE – avant de se rétracter.

Lors de cette même réunion, il a également été question de trouver des solutions pour intégrer des éléments de charia dans le droit tunisien. Même si publiquement le parti Ennahdha revendique la culture musulmane mais se défend de vouloir faire appliquer la charia.

Cette découverte en accompagne des dizaines d’autres. Jusqu’ici, 3 500 documents appartenant notamment au Premier ministre Hamadi Jebali ont été mis en ligne sur des serveurs des Anonymous. Dans ces listes de courriels, il est aussi question de fraudes électorales, de censure ou d’opérations financières.

Ennahdha, majoritaire à l’assemblée constituante, et le gouvernement démentent mordicus la véracité d’une partie des documents. De son coté Anonymous, assure de leur authenticité et promet de nouvelles révélations sur les coulisses du pouvoir de ces deux dernières années.

En octobre 2011, neuf mois après le départ de Ben Ali, qui profite désormais de sa retraite de dictateur dans une salle de sport en Arabie Saoudite, les premières élections libres ont eu lieu en Tunisie. Celles-ci ont pour but la création d’une Assemblée constituante qui devra rédiger la prochaine loi fondamentale du pays. Après décompte, les membres du parti islamiste Ennahdha  sortent très largement vainqueurs du scrutin et raflent 89 sièges sur les 217 que compte la nouvelle Assemblée.

Cependant, un courriel provenant de la boîte mail du Premier ministre, Hamadi Jebali, évoque l’existence de possibles fraudes électorales. Selon le document, les Tunisiens de l’étranger auraient pu voter deux fois. Une première fois dans leur pays de résidence et une seconde fois en Tunisie.

Un rapport de l’organisme supervisant l’élection aurait même été déposé pour annuler les votes du bureau de Bruxelles Nord pour cause d’irrégularités.

Un second document interpelle également sur les règles du scrutin. Selon ce tableau statistique, le nombre de sièges attribués par région ne serait pas conditionné au nombre d’habitants y résidant mais à sa superficie totale.

La légitimité de la première force politique du pays est, potentiellement, sujette à caution si les documents s’avéraient authentiques. D’autant que le nouveau gouvernement ne semble pas avoir souhaité partager le pouvoir. C’est tout du moins ce qu’explique un des membres d’Anonymous Tunisia avec lequel OWNI s’est entretenu :

Nous avons attaqué Hamadi Jebali parce qu’il est le symbole d’un gouvernement qui fait marche arrière sur les libertés, pas parce qu’il fait parti d’Ennahdha. Le gouvernement est responsable d’actes d’agressions commis contre des manifestants chômeurs et du lancement d’une cellule de sécurité pour censurer et contrôler Internet. Le fait d’être élu par le peuple n’est pas une raison pour s’en prendre à nos libertés.

D’ailleurs, dans les mails publiés, un document atteste de l’exclusivité du pouvoir voulue par des responsables du parti islamiste. Celui-ci évoquait la possible suppression par la télévision nationale du terme “transitoire” pour qualifier le gouvernement en place.

Majoritaire à l’Assemblée constituante, Ennahdha a officiellement envisagé jusqu’à la fin mars, d’intégrer la loi islamique dans la nouvelle constitution du pays.  Ennahdha, encore, discutait en interne de la nécessité de garantir la non-indépendance de la Banque centrale tunisienne et déplorait dans un autre documentla pression européenne et française pour accélérer le processus démocratique”.

Mais la ligne politique adoptée par le gouvernement transitoire n’est pas l’unique élément abordé dans ces courriels. Des affaires financières, plus troubles, semblent y apparaître. Comme ce courrier envoyé sur la boîte mail du parti Ennahdha et contenant les coordonnées bancaires de Kamal Ben Amara, un élu Ennahdha à l’Assemblée constituante, titulaire d’un compte à la Qatar international islamic bank. Avant de s’engager en politique il aurait travaillé chez Qatar Petroleum, la compagnie pétrolières nationale du riche État du Qatar, comme le montre un ancien répertoire du groupe. Et dans l’actuel gouvernement ben Amara a été nommé vice-président à la Commission de l’énergie.

À ce titre, il fait partie des membres du gouvernement habilités à négocier, entre autres, les investissements dans la raffinerie de Skhira, la plus grande de Tunisie, avec une production estimée à 120 000 barils par jour.  Coût de construction : 1,4 milliard d’euros. Un appel d’offres remporté par Qatar Petroleum qui pourra l’exploiter en partie pour les deux décennies à venir.

En outre, dans les coordonnées bancaires envoyées par mail à Ennahdha, figure un “Swift Code” utilisé pour les virements internationaux. Le problème étant de savoir dans quel sens les virements bancaires ont été effectués. De Kamal Ben Amara vers Ennahda ou du parti vers Ben Amara, pour les besoins de sa campagne électorale par exemple.

Devant les nombreuses interrogations que posent ces documents, aussi bien dans leurs contenus que sur leur authenticité, Anonymous invite les internautes qui le peuvent à vérifier sans tarder:

Les emails comme les SMS et les moyens de communication électroniques sont devenus des pièces justificatives devant les tribunaux. Les en-têtes des emails confirment les sources et les trajets des courriels via leur identifiant unique. S’ils étaient falsifiés, tout le monde le remarquerait et surtout les spécialistes en informatique. J’invite tous ceux qui doutent à vérifier.

Début avril, le gouvernement tunisien a annoncé qu’il maintenait en activité l’Agence tunisienne d’Internet pour lutter contre la cybercriminalité. Sous la dictature, l’agence gérait la censure sur Internet pour le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti de Ben Ali. Dans le principe de “sécurisation du web”, Anonymous voit un retour masqué de la censure. Incompatible, selon le collectif, avec la garantie des libertés individuelles :

Ceux qui gèrent le pays sont ceux qui doivent assumer. Mais si le Gouvernement change de ligne de conduite, surtout concernant la censure du net, Anonymous fera un pas en arrière.
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http://owni.fr/2012/04/17/les-anonymous-devoilent-ennahda/feed/ 24
Parlement en open source http://owni.fr/2012/04/11/le-parlement-de-lopen-source/ http://owni.fr/2012/04/11/le-parlement-de-lopen-source/#comments Wed, 11 Apr 2012 15:58:23 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=105384 OWNI, la culture de l'open source est entrée au Parlement. À l'Assemblée nationale se déroulait en France le premier GouvCamp. Un projet citoyen qui vise à fabriquer le droit en mutualisant toutes les compétences de la société civile.]]>

De la salle Lamartine de l’Assemblée Nationale, s’échappe un parfum de démocratie directe. Ce mardi 10 avril, les sièges disposés en cercles concentriques n’accueillent pas les parlementaires, qui occupent habituellement la salle de débat, mais des citoyens. Français, belges, suisses, tunisiens, syriens et même une délégation québécoise ont répondu présent pour ce GouvCamp à la française. Grande manifestation citoyenne – et francophone- le GouvCamp avait pour but de définir et d’améliorer le projet Parlement et Citoyens qui souhaite associer de façon directe le peuple à l’élaboration de la loi.

Dans ce but, une plateforme web open source a été élaborée. Elle permet «aux élus de collaborer avec les parties prenantes». L’objectif est de donner «de la visibilité aux propositions de lois déposées devant le parlement tout en leur assurant le soutien de la société civile».

Si l’initiative reste encore à un stade embryonnaire en Europe, dans l’hexagone le projet avance à grand pas. En quelques mois seulement, l’équipe de Démocratie Ouverte, qui porte le projet francophone, a réussi à sensibiliser les élus du Parlement au concept de “Gouvernement Ouvert” et organisé un barcamp avec  une centaine de participants politiques, citoyens, développeurs, chercheurs…

Un pari ambitieux pour ces citoyens, jeunes pour la plupart et possédant une culture et des pratiques numériques avancées qui espèrent obtenir le même résultat que nos voisins d’outre-Atlantique. Le concept d’OpenGov est déjà sur les rails au Canada mais également aux Etats-Unis sous l’impulsion de l’administration Obama, pionnière en la matière.

La France, elle, fait figure de retardataire dans ce domaine. Le processus législatif y est parfois long et la mise en place d’un tel système suppose un bouleversement du paysage politique français ainsi qu’une refonte des pratiques parlementaires.

C’est pour répondre à ces problématiques méthodologiques mais également logistiques qu’acteurs et curieux se sont rassemblés hier. Au programme, débats et coups de projecteur sur les projet amis comme PropX, MeetingVoxe ou Voxe.org dont nous vous parlions il y a quelques semaines.

Débattues en ateliers avant d’être partagées, les propositions de définition, de financement et de choix techniques ont fait l’objet d’une notation par l’ensemble des participants à l’aide d’un système de cartons de couleur. Tous se sont accordés pour approuver Cyrille Béraud, Président de la Fédération québécoise des communautés et industries du libre, lorsqu’il déclarait :

Il ne peut y avoir de gouvernement ouvert sans une appropriation collective des logiciels libres.

En revanche, la question de l’attraction des citoyens vers la plateforme puis de les “fidéliser” a soulevé plusieurs réactions chez les participants dont beaucoup ont estimé qu’il ne s’agissait pas “de considérer le citoyen comme un client” et de réduire le projet à un objet marketing.

De la même manière, la réflexion sur le financement divise les participants. Si certains défendent le devoir pour les pouvoirs publics de mettre la main au portefeuille, d’autres ont fait valoir la nécessité d’indépendance qui devait entourer, de manière permanente, le processus vers un gouvernement ouvert.

À l’heure actuelle, le chiffrage du projet est difficile car les sources de financement n’ont pas encore été clairement définies. Cependant, à titre d’exemple, un membre de la délégation québécoise faisait remarquer que son pays s’était doté du matériel informatique approprié en reprenant les bases posées par les Américains pour un coût total de 75 000 dollars. Une contrainte budgétaire qui n’en est pas une quand on sait qu’un candidat à l’élection présidentielle française peut dépenser avant le premier tour jusqu’à 16,8 millions d’euros…

La suite du GouvCamp, devrait avoir lieu le 16 mai prochain et sera diffusée en streaming ou ” web-diffusion en direct” comme le disent nos cousins québécois. D’ici là, les militants citoyens de l’OpenGov espèrent une convergence avec la Francophonie au moment du sommet de Kinshasa en octobre, et l’arrivée de bras supplémentaires comme nous le confiait Cyril Lage, l’un des organisateurs :

Le projet est debout depuis seulement quelques mois. Tout est à construire [mais] venez, il y a du boulot pour tout le monde.


Illustration par armel.lecoz (cc) et – avec autorisation  -  emergent007 (@Emergent007)

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Une toywar à 4,5 milliards de dollars http://owni.fr/2010/07/21/une-toywar-a-45-milliards-de-dollars/ http://owni.fr/2010/07/21/une-toywar-a-45-milliards-de-dollars/#comments Wed, 21 Jul 2010 12:16:19 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=22555 Performance artistique, jeu vidéo en réseau, manifestation en ligne, la “toywar” fut probablement l’œuvre d’art la plus chère de l’histoire de l’humanité (estimée à 4,5 milliards de dollars). Mais personne n’avait vraiment, en France, raconté son histoire. Retour sur la “TOYWAR” (guerre du jouet, en français), qui fut autrement plus intelligente (et drôle) que les attaques DDoS lancées par les “Anonymous” en soutien à WikiLeaks.

La “TOY.army” ? Une armée de 1798 TOY.soldiers, joueurs en réseau (dont les avatars étaient des LEGO) lancés à l’assaut d’un supermarché américain de jouets pour enfants, eToys.com, par etoy.com, un collectif d’artistes suisses allemands.

300 articles de presse dans le monde entier, y compris dans les “grands” médias mainstream (New York Times, Washington Post, CNN, Le Monde, etc.).

Leur mission ? Faire plier le supermarché de jouets pour enfants, qui a fait main basse sur le nom de domaine des artistes suisses allemands. Plus fondamentalement, il s’agit aussi de défendre une certaine vision de la société de l’information, de la liberté d’expression, et donc de l’internet.

Deux conceptions s’opposent : d’un côté, une galerie marchande et virtuelle d’objets bien réels. De l’autre, un collectif d’artistes qui, pour faire monter le cours de ses actions virtuelles, organisent des performances en ligne.

En 1999, la bulle internet n’a pas encore explosé. Lorqu’etoys.com est introduit en bourse, en mai, son action vaut 19$. En novembre, elle est côtée 67$, et sa capitalisation boursière dépasse les 8 milliards de dollars.

Noël approche, et eToys.com perd chaque jour entre 20 et 300 000 visites au profit d’etoy.com. Le supermarché propose alors aux artistes de leur racheter leur nom de domaine pour 30 000$.

Devant leur refus, les enchères montent, à 75, 100 puis 516 000 $. Mais les artistes n’en ont cure, ce n’est pas une question d’argent : etoy.com existe depuis 1995, et tout ce qu’ils réclament, c’est davoir tout autant le droit qu’un supermarché de s’exprimer.

Les marchands portent dès lors plainte, aux Etats-Unis, pour “concurrence déloyale, atteinte au droit des marques, opération boursière illégale, contenu pornographique, comportement agressif et activités terroristes“. Et un juge ordonne, le 29 novembre 1999, la fermeture d’etoy.com, sous astreinte de 10 000$ d’amende par jour.

Dans la foulée, etoy lance sa toywar.com, invitant les internautes à l’aider à lutter contre cette soit-disant primauté des supermarchés sur le droit des artistes à la liberté d’expression. Extrait des règles du jeu :

“Votre équipe est composée de milliers de joueurs. Vos adversaires : eToys et ses actionnaires -aussi longtemps qu’ils posséderont (encore) des actions. Objectif : l’art, la liberté d’expression et la vie sur l’Internet.”

Les artistes et hacktivistes de RTMark.com lancent alors un fonds etoy pour centraliser cette guerre de l’information, coordonner les sites web engagés dans la toywar, inviter les salariés d’eToys à démissionner, ses actionnaires à désinvestir eToys et à céder leurs actions, entre autres opérations.

Le résultat ne se fit pas attendre : en l’espace de deux mois, le cours en bourse d’eToys.com chuta de 70%, pour s’établir à 15$, soit plus bas que son cours d’introduction, la toywar lui ayant fait perdre quelques 4,5 milliards de dollars de capitalisation :

En janvier de l’an 2000, le supermarché de jouets pour enfants retirait sa plainte. En février, le juge autorisait la remise en ligne d’etoy.com. En avril, l’action d’eToys ne valait plus que 7,5$. En 2008, eToys faisait faillite, et était racheté par son principal concurrent, Toys’R Us.

etoy.com, de son côté, se porte très bien. Sa propre action, lancée en 1994 et qui valait à l’époque 0$, en vaut aujourd’hui plus de 25.

Image de une CC Flickr Don Solo

Image en clé CC Flickr Mykl Roventine

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TV-B-Gone : “le pouvoir sur le média” http://owni.fr/2010/06/13/tv-b-gone-le-pouvoir-sur-le-media/ http://owni.fr/2010/06/13/tv-b-gone-le-pouvoir-sur-le-media/#comments Sun, 13 Jun 2010 14:51:13 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=18414 Qui, dans un bar avec des amis n’a jamais eu le regard attiré, voire absorbé, par la surface lumineuse d’un écran de télévision ? En France comme partout dans le monde, les téléviseurs ont envahi bars, restaurants et autres lieux publics. Qu’ils diffusent des clips, des émissions… ou des matchs de football, ces écrans souvent plats et géants attirent inconsciemment l’œil et l’attention.

En 2004, Mitch Altam, ingénieur à la Silicon Valley, spécialiste en réalité virtuelle, mettait au point la TV-B-Gone Remote Control (littéralement “TV vas t’en”). Une télécommande universelle conçue pour éteindre les téléviseurs dans les espaces publics. Au fil des années, les modèles se sont sophistiqués. Ressemblant à un lecteur MP3, le plus élaboré, la TV-B-Gone Pro SHP, a un rayonnement de 110 mètres et fonctionne sur 90% des téléviseurs du monde entier (PAL, SECAM, NTSC). Une version Kit permet de la fabriquer soi-même et de la bidouiller (le tout est en open-source).

Mitch Altman a accepté de revenir pour OWNI sur la genèse et le succès de la TV-B-Gone. Et, au passage, nous livrer sa vision sur les médias, et sa philosophie de vie.

Comment est venue l’idée ?

Un jour, assis dans un restaurant chinois, j’essayais d’avoir une conversation avec des amis que je n’avais pas vus depuis trois ans. Mais, une télévision, dans un coin, dont le son n’était même pas allumé, captivait toute notre attention. On n’était pas là pour regarder la télé, mais pour être ensemble ! On a alors commencé à se demander pourquoi on continuait à la regarder alors qu’on n’en avait pas envie. Et j’ai sorti : « Et s’il existait quelque chose pour nous débarrasser de ces affreuses distractions partout où on va ? » En un éclair, l’idée m’est apparue, et je savais quoi faire. Puis l’un de mes amis a tout de suite trouvé le nom parfait : TV-B-Gone.

Vous pensiez alors la commercialiser ?

Ma motivation première était d’en faire une pour moi. Quand une télévision est allumée, je ne peux pas m’empêcher de la regarder. Je peux m’en débarrasser chez moi – et je l’ai fait, je n’en ai plus depuis 1980 – mais elles sont de plus en plus nombreuses à apparaître dans les lieux publics. Et elles ont un pouvoir sur nous, en répétant les mêmes messages encore et encore. La TV-B-Gone me donne le pouvoir sur le média dans ma vie. C’est un sentiment très satisfaisant. Et il s’avère que d’autres veulent ce pouvoir. Quand j’ai vu que mes amis en voulaient une, et leurs amis, et des amis de leurs amis, j’ai décidé de créer un outil utilisable par tous.

Quel est le profil des acheteurs de TV-B-Gone ?

Le spectre est très large. J’ai d’abord pensé que seuls en voudraient des gens qui n’ont pas de télévision (comme moi). Mais même ceux qui aiment avoir la télé chez eux ne l’aiment pas en public. À l’exception des bars sportifs, on ne quitte pas sa maison pour aller regarder la télé. Qui veut dîner dans un restaurant ou passer du temps dans un café avec Dr Phil [célèbre show américain ndlr] qui jase dans toutes les directions ? Donc, des gens de tout âge, race, classe, genre et orientation sexuelle aiment la TV-B-Gone. Les parents l’achètent comme moyen marrant d’éteindre la télé de leurs enfants. Les enfants pour s’amuser à éteindre celle de leurs parents. Et aussi à l’école quand un prof leur montre une vidéo au lieu de faire son travail (qui est d’enseigner).

Avoir le pouvoir sur la télévision procure une satisfaction immédiate.

De nombreuses personnes m’ont envoyé un mail me disant l’avoir acheté pour lancer, de façon amusante, une conversation avec leur petit(e) ami(e) (ou mari ou femme) qui regarde tellement la télé qu’elle se met en travers de leur relation. Il y a aussi les infirmières qui l’achètent à des fins purement pratiques pour éteindre les télés des chambres d’hôpital sans avoir à chercher, à chaque fois, la télécommande. Bien sûr, il y en a aussi qui veulent embêter les autres de façon inoffensive et espiègle, et ils vont délibérément dans les bars sportifs et éteignent les téléviseurs pour voir ce qu’il se passe. Chez tous ceux qui l’achètent, avoir le pouvoir d’éteindre les téléviseurs dans les lieux publics, avoir le pouvoir sur la télévision, procure une satisfaction immédiate.

Lors d’événements comme la Coupe du Monde de Football, les ventes augmentent ?

Oui ! Elles augmentent systématiquement lors des Coupes du Monde, Jeux Olympiques, Super Bowls, et tous les événements qui bénéficient d’un battage médiatique à la télé, et font apparaître encore plus de téléviseurs dans les lieux publics partout dans le monde.

J’ai entendu des gens qui s’étaient amusés à l’utiliser dans un bar des sports. Ce n’est pas quelque chose que je ferais. Mais je n’ai aucun contrôle sur ce que font les autres. Je ne veux pas dire à quiconque ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire de sa vie. Je donne aux gens un moyen amusant d’avoir un pouvoir sur les médias. En espérant qu’ils vont profiter un peu plus de la vie.

Après tout, c’est juste un téléviseur qui s’est éteint.

Dans certains bars sportifs, il y a une douzaine (ou des douzaines) de téléviseurs sur toutes les surfaces imaginables de la pièce. Si des gens aiment ça, très bien. Moi non, c’est pourquoi je n’y vais pas. Alors si quelqu’un éteint un téléviseur, il impose à peine son choix aux autres. Tout le monde déplace simplement son regard de quelques degrés vers la gauche ou vers la droite. Et si quelqu’un est assez aventureux pour éteindre chacun de ces écrans, il y a de très grandes chances pour que le barman les rallument. Après tout, c’est juste un téléviseur qui s’est éteint.

Et c’est légal ?

Oui. Il n’est pas illégal de désactiver une télévision. La télé a tant de pouvoir sur nous que ça paraît illégal. Pourtant, à la différence de 1984, où il n’est pas possible d’arrêter le flux constant de propagande propagé par les écrans, notre monde nous permet encore ce choix.

Quel est le principal message de la TV-B-GOne ?

C’est une manière amusante de voir l’impact de la télé sur nos vies, individuellement et collectivement. C’est aussi tout simplement sympa d’éteindre les télés. Et, j”espère que certains personnes découvrent qu’elles apprécient, en fait, leur vie sans ou avec moins de télé. Moins on regarde la télé, plus on a du temps pour créer nos propres messages, et non pas avoir le cerveau rempli par des messages répétitifs qui profitent à ceux qui y mettent les leurs. Du temps pour rendre notre vie meilleure, et donc faire du monde un endroit meilleur.

Vous dites « Éteindre la télévision est un choix ! ». Mais peut-on l’imposer aux autres ?

Je n’éteins pas les télés que les gens choisissent de regarder. J’ai créé la TV-B-Gone pour désactiver celles des lieux publics. Dans les restaurants, bars, laveries, cabinets de médecin, aéroports, salles d’attente, etc., il y a des télés allumées partout où nous allons, et c’est très rarement apprécié. Personne ne s’est jamais plaint les fois où je l’ai éteinte. Il est même rare que les gens le remarquent. Les télés en public ne sont que du bruit. Comme tout bruit, inconsciemment on l’ignore. Et quand il disparaît, on en a rarement conscience, on se sent juste mieux. Lorsque je désactive une télé en public, ceux qui étaient en train de la regarder distraitement ou de la fixer, commencent tout d’un coup à parler les uns aux autres, lire leur livre, finir leur repas, ou reprendre d’autres activités humaines.

Personne ne s’est jamais plaint. Les gens le remarquent rarement.

De plus en plus d’endroits ont la télé allumée alors que je ne l’ai pas demandé. Et personne ne semble l’avoir demandé. Qui est en droit de choisir ça pour tout le monde ? Voici le deal : les téléviseurs braquent leur lumière sur moi. J’ai parfaitement le droit de le faire à mon tour, non ? Alors parfois, je leur envoie la lumière invisible [via une diode infra-rouge ndlr] de mon TV-B-Gone. Et quand le téléviseur arrête, j’arrête aussi. Ça me semble honnête. Bien sûr, si quelqu’un n’est pas d’accord, il peut toujours la rallumer.

Internet a t-il changé la façon dont on regarde la télé ? Et le pouvoir de ce média ?

Internet a certainement un impact énorme sur l’ensemble de notre vie. Et également sur l’industrie de la télévision. Mais pas sur la télévision en tant que médium. Les ordinateurs sont désormais un écran « alternatif » qui peut prendre du temps dans notre vie. La principale chose à considérer est : si vous pouviez choisir quelque chose à faire maintenant, n’importe quoi, qu’est-ce que ça serait ? Regarder la télé, n’importe quel autre écran ou tout autre élément de mobilier ? Si la réponse est oui, alors faites-le. C’est votre choix. Mais s’il y a quelque chose que vous pourriez apprécier un peu plus, peut-être que vous pourriez envisager de le faire à la place.

Il s’agit de choisir ce que vous faites de votre temps.

Il s’agit de choisir ce que vous faites de votre temps. Vous pouvez choisir de regarder la télévision. Regarder une émission de télévision sur Internet. Jouer à un jeu vidéo. Vous mettre les doigts dans le nez, manger de la malbouffe, avoir des relations sexuelles, faire du sport, jouer avec des amis, aller à l’école, écrire un e-mail, écrire un roman, vous battre, regarder votre nombril, apprendre à faire quelque chose que vous pensez être cool, perdre votre temps, avoir des comportements destructeurs, dire aux gens que vous les aimez, vous faire de nouveaux amis, faire quelque chose que vous avez toujours voulu faire mais que vous aviez peur d’essayer….

J’ai l’espoir que chacun continue à faire les choix qui lui rendent la vie un peu meilleure qu’avant. La vie est tellement pleine de possibilités. Et nous avons si peu de temps pour les expérimenter. Nous sommes nés, et à un moment nous allons mourir. Ce que nous choisissons de faire avec le temps entre les deux nous appartient totalement. Pourquoi ne pas faire des choix qui rendent notre vie aussi satisfaisante que possible ? Il appartient à chacun d’entre nous de faire ces choix très personnels pour nous-mêmes.

Sur le fait d’être bombardé de sons, d’images, de publicité, etc., comment jugez-vous Internet ?

Cela dépend de la façon dont vous utilisez Internet. La publicité n’a rien de mal en soi. Mais, malheureusement, les industries de la publicité, de la télé et d’Internet ont ensemble dépensé des milliards de dollars, et continuent de dépenser toujours plus d’argent, d’énergie et d’efforts pour nous manipuler. Il s’agit, de la part d’entités qui ne se soucient pas de nous en tant qu’individus, de faire le maximum de bénéfice au prochain trimestre. Et, sur une base statistique, ça fonctionne. Répéter les mêmes messages ad nauseam sur tous les supports médiatiques disponibles fait augmenter leurs profits.

S’exposer à ces messages manipulatoires a pour conséquence indirecte de rendre nos vies moins gratifiantes. Parce que nos esprits sont davantage remplis par ces messages que par les nôtres. Parce qu’on passe notre temps à acheter des choses qu’on ne veut pas ou dont on a pas besoin. Parce qu’on se nourrit de malbouffe, on reste assis, au lieu de faire quelque chose de plus agréable, sain et actif. Parce que nous nous comparons aux exemples mis en avant sur ces différents médias. C’est pourquoi, pour avoir une vie satisfaisante, nous devons avoir le temps de l’auto-réflexion. Et ne pas toujours détourner notre attention des idées et sentiments pas très agréables qui inévitablement surgissent dans notre vie de tous les jours.

Crédits :
Image encadré : TV-B-Gone
Image Mitch Altman : CC Alexander Klink
Image dans le texte : TV-B-Gone Pro SHP

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Just hack it http://owni.fr/2010/05/17/just-hack-it/ http://owni.fr/2010/05/17/just-hack-it/#comments Mon, 17 May 2010 16:13:47 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=15729 Photo CC Flickr Steven and Sarah

“Si la code c’est la loi, selon Lawrence Lessig, l’inverse est aussi vrai : la loi c’est aussi du code.”

Donc on peut la hacker, quand son code vous semble sale, au sens premier du terme, la “bidouiller” en toute légalité. C’est tout naturellement au vocabulaire de l’informatique que Jérémie Zimmermann et Benjamin Ooghe-Tabanou empruntent pour expliquer leur démarche, samedi dernier à La Cantine, lors d’une conférence organisée à l’occasion de Pas sage en Seine 2010.

Car en matière de crasse législative, rayon Internet, ils sont experts du chiffon. Le premier est porte-parole de La Quadrature du Net, qui se bat pour nos libertés numériques, et Benjamin est co-fondateur de Regards citoyens, un collectif qui cherche à fournir aux citoyens un accès simplifié au fonctionnement des institutions démocratiques grâce à Internet. Comme une partie de ses fondateurs, il a été membre du collectif StopDRM, dont l’hacktivisme sera évoqué un peu plus loin.

Pour comprendre leur démarche, il faut entendre “loi” au sens large du terme :

“tout ce qu’il y a autour, la société, les juges qui l’interprètent, le gouvernement et l’opinion publique qui pousse à l’élaborer, le processus social, plus difficile à saisir, mais qui peut aussi se bidouiller à l’aide des techniques et de l’intelligence collective”, précise Jérémie.

Concrètement, et pour filer la métaphore, prenez une loi qui vous semble crade, par exemple, mais vraiment par exemple, le paquet Télécom. Cet ensemble de directives européennes régulant le secteur des télécommunications comprenait des bribes d’Hadopi, en particulier la riposte graduée. La Quadrature a tenté de lui appliquer un patch sous la forme de l’amendement 138, qui voulait imposer un jugement préalable avant toute suspension de l’accès à Internet.

Familier du Parlement européen, Jérémie Zimmermann en a profité pour évoquer l’obscurité parfois de ses procédures, parlant de “la maladie de l’amendement de ‘compromis”, négocié dans l’opacité, sur lesquels on ne peut pas revenir une fois votés.

Autre option, “le débug final”, qui vise à intervenir après le vote d’une loi pour en montrer les failles. Et de citer l’initiative de StopDRM, collectif dénonçant les Digital Rights Management, ces verrous numériques empêchant la copie privée et dont le contournement devait être réprimé par la loi DADVSI (Droit d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information).

On ne s’étonnera pas d’apprendre que Benjamin en faisait partie… Pour démontrer l’illégitimité de cette sanction, qui contrevenait à l’obligation d’interopérabilité des contenus, des membres s’étaient rendus volontairement à la justice. Une opération couronnée de succès puisque le Conseil d’État a annulé le décret litigieux.

Plus lisible pour le grand public, c’est son cœur de cible, l’action de Regards citoyens s’inscrit dans cette même logique, appliquée au fonctionnement même de notre démocratie, en incitant à plus de transparence et d’accountability de la part des institutions et des élus, ce qu’on pourrait traduire par “responsabilité”.

Évoquer leur action, c’est inévitablement inévitablement aborder la question du e-gouvernement et de l’open-data. Car si “les données permettent de faire beaucoup de choses”, encore faut-il qu’elles soient accessibles dans un format exploitable. Et la France est à la traîne en ce domaine. “En Grande-Bretagne, le vote des députés est disponibles, a ainsi expliqué Benjamin, alors qu’en France les votes ne sont pas publics de façon générale.”

Faute de données claires sur le site de l’Assemblée nationale, Regards citoyens a donc mis en place dans un premier temps Députés godillots, pour pointer du doigt les dormeurs du banc, qui s’expriment sur les lois et les votent sans avoir suivi les débats. NosDéputés.fr est venu ensuite, mesure plus large et systématique de l’(in)activité du Parlement.

Limite à la métaphore, comme l’a rappelé Jérémie Zimmermann, si la loi était vraiment du code, les erreurs seraient automatiquement signalées.

Si l’ouverture des données facilite la surveillance, il faut dire et redire que la vigilance des citoyens reste essentielle. Et dans ce sens, il est essentiel d’avoir à l’esprit ce point : La Quadrature, Regards citoyens, pour parodier la fameuse collection, c’est “le hacktivisme citoyen pour les nuls”.

Leur quotidien est un patient travail d’endurance -nouer des relations de confiance avec attachés parlementaires, maitriser à fond le dossier, passer des heures sur les bancs de l’AN…-, pour permettre à tout un chacun de hacker, à son niveau. Le mot “boîte à outils” est revenu souvent dans la bouche des intervenants, et c’est pas qu’un mot en l’air. Les écouter, c’est prendre un coup de pied aux fesses, sur le mode, “tu n’as aucune excuse pour ne pas te bouger”.

Just hack it. Now.

La conférence est visionnable en intégralité sur le site de La Cantine

La Quadrature du Net et Regards citoyens ont besoin de votre soutien.

OWNI a réalisé avec l’aide de Regards citoyens l’application Où je vote ? lors des dernières régionales.

Sur le même sujet, lire l’article de Serge Soudoplatoff, “Pour un gouvernement 2.0″

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