OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 William Gibson:|| cyberculture, || une “poésie des bas-fonds” http://owni.fr/2010/05/21/william-gibson-la-cyberculture-une-poesie-des-bas-fonds/ http://owni.fr/2010/05/21/william-gibson-la-cyberculture-une-poesie-des-bas-fonds/#comments Fri, 21 May 2010 09:58:34 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=16211 A l’occasion d’une séance de dédicace du trop rare William Gibson, j’ai eu l’occasion de l’écouter brosser un panorama de ses inspirations. Simple et abordable, il s’est montré loin de l’idée que l’on se fait d’un auteur qui a tant parlé d’informatique, de cyberespace, de clonage et de sociétés multinationales montant des coups tordus. Moins technophile que rêveur, imprégné par la Beat Generation et Burroughs, effrayé par l’ère Reagan, Gibson revendique avoir créé une “poésie des bas-fonds”.

Dans les uchronies, on imagine souvent ce qui se serait passé si le Japon et l’Allemagne avaient remporté la Seconde Guerre Mondiale. Mais personne n’a essayé de décrire un monde où nous vivrions dans une chanson du Velvet underground“.

Le cyberpunk est né avec le premier roman de William Gibson en 1984 : Neuromancien. Particulièrement salué (Prix Nébula, Prix Hugo et Prix Philip K. Dick), les grandes lignes du genre sont posées. Dans un avenir proche, l’État a abdiqué presque partout, le monde est aux mains de grandes multinationales. L’informatique s’est particulièrement développée, le cyberespace est un lieu où les hackers osent tout.

Clonage, nanotechnologies, implants cybernétiques et intelligences artificielles ont changé les paradigmes sur l’humanité. Les héros sont des parias désabusés des bas-fonds, missionnés pour de sales boulots d’espionnage : entre thriller et complot.

La musique rock et les drogues de synthèse (voire virtuelles) sont présentes en filigrane.

Entretien.

Bonjour, je suis William Gibson, et je vis dans un univers coloré

E : Comment est né Neuromancien, un roman qui a fait date dans l’histoire de la littérature en initiant le mouvement cyberpunk ?

WG : Je n’avais aucune référence de départ, c’est pourquoi il m’a fallu partir d’une armature. Pour cela je suis parti de deux sous-genres (rien de péjoratif) que sont le thriller et l’espionnage pour avoir une trame solide. L’histoire a eu rapidement sa propre dynamique qui m’a un peu échappé, j’ai bien vu des années plus tard qu’elle était difficile à transcrire en script de film. Mais finalement je n’aime pas m’en tenir aux règles d’un genre et je préfère jouer avec les codes pour les mélanger.

E : On vous prête l’invention du cyberespace et des prémisses des mondes virtuels d’aujourd’hui. Êtes-vous un nerd ? Un passionné de science ?

WG : J’ai une solide réputation de visionnaire et de technophile, mais elle est très exagérée. Certes, ça aide à vendre… (rire)

Ce que j’écris du monde des sciences, je le tiens en réalité de mon entourage qui travaille dans tel ou tel secteur. En revanche, je sais reconnaître la nouveauté quand elle me passe sous les yeux. Et puis j’ai une interprétation poétique des langages de la technologie qui me pousse à extrapoler. La première fois que j’ai entendu les mots interfacer en tant que verbe, ou virus informatique, j’ai trouvé ça fascinant. Pour ce dernier, j’ai imaginé qu’il s’agissait de masses de données se reproduisant sur d’autres données, infectant plusieurs endroits à la fois et générant des effets néfastes comme le fait un virus biologique. Bon, j’ai eu de la chance, il se trouve que c’est le cas… Une réputation tient à peu de choses ! (rire)

E : D’après vous, quel rapport entretient la science avec la science-fiction ? Laquelle influence le plus l’autre ? Qui devance qui ?

WG : Je crois en réalité qu’il y a moins de symbiose entre science et science-fiction qu’entre business technologique et science-fiction. La science-fiction invente des trucs que l’on peut montrer au banquier quand on cherche des financements. Les patrons de start-ups posent quelques livres sur la table en disant : “Lisez ça et ça. Ce n’est pas tout à fait ce qu’on peut faire, mais presque. On veut du cash pour le développer”. Et même, certains patrons de sociétés technologiques me disent qu’ils ont été inspirés par nos écrits. Pas tellement les chercheurs… Aujourd’hui, une grande partie de l’énergie créative a migré ailleurs. Il y a eu la science-fiction, puis la musique, aujourd’hui c’est peut-être dans le cinéma et l’animation qu’il faut regarder les progrès techniques significatifs.

E : La plupart de vos héros sont apatrides, est-ce lié à vos lectures sur l’itinérance comme Kerouac ?

WG : C’est plus profond que cela. J’ai grandi dans un tout petit village très sudiste, très religieux, très traditionnel et très blanc. Cet univers fermé aux influences extérieures était oppressant, voire fantasmatique : il était irréel. Aussi, à l’adolescence, je me suis tourné vers la musique, le cinéma, les comics et la science fiction qui avaient pour moi plus de consistance que mon quotidien. Mon refus d’aller faire la guerre au Vietnam en 1968 m’a par la suite poussé sur les routes et je suis parti pour le Canada. En général, je me suis toujours mieux senti avec les gens sans racines ou aux cultures mélangées, et je fuis comme la peste les nationalistes.

E : Quelles ont été vos principales influences littéraires ?

WG : Un auteur qui fait bien son métier digère et assimile, à tel point qu’il n’est plus capable de remonter la filiation. J’ai presque plus de facilité à dire qui ne m’a pas influencé. Bien sûr, Philip K. Dick m’a beaucoup marqué, en particulier Le Maître du Haut Château, mais je lui préfère Thomas Pynchon, que je qualifierai de “parano raffiné”. Mes vraies références sont poétiques, et si un auteur m’aborde pour parler d’abord poésie plutôt que science-fiction, il y a des chances qu’on s’entende bien. Mes romans sont plein de noirceur, de coups tordus, de bidonvilles et de personnages en marge : je crois avoir donné naissance à une forme de poésie des bas-fonds.

E : Le vaudou revient souvent dans vos romans, pourquoi ?

WG : A l’âge de 14 ans, j’ai acheté un manuel vaudou de la Nouvelle Orléans, il comportait des descriptions précises des rites et des schémas et des diagrammes pour les cérémonies. Comme je faisais un peu de bricolage électronique, j’ai trouvé que ça ressemblait à des plans d’assemblage, et je me suis toujours demandé ce qui se passerait si je réalisais mes circuits sur le modèle d’un diagramme vaudou… Et puis je trouve fascinant qu’au XXème siècle, une religion polythéiste soit aussi vivante et contemporaine, répandue dans plusieurs endroits du globe.

E : Vous avez tenu un blog jusqu’en 2005, avez-vous essayé de nouvelles formes d’écriture comme l’hypertextuel ?

WG : Je crois qu’aujourd’hui tout texte est hypertextuel. Tout ce que nous écrivons est une requête Google potentielle. Nous avons pris l’habitude de référencer et de lier, de chercher au hasard. Je ne sais jamais où je vais arriver quand je suis sur le web, et je suis fasciné par ces nouvelles formes d’échange écrit que sont les newsgroups, les blogs et les e-magazines. Pour moi, l’hypertexte est une réalité étendue, même pour les livres papier.

E : Après avoir décrit dans les années 80 un cyberespace, quelle est votre expérience personnelle des univers virtuels dans les années 2000 ? Quel est votre niveau de présence en ligne ?

WG : Je n’ai essayé que Second Life, que j’ai trouvé peu intéressant. L’expérience du blog était passionnante mais est arrivée à son terme. Je continue à participer et à interagir virtuellement sur des forums, de manière anonyme la plupart du temps. Je trouve les échanges souvent riches, et je suis toujours intrigué de trouver des gens qui se connaissent si bien sans s’être jamais rencontrés physiquement.

Humain, post-humain

E : Vos romans se passent souvent dans un avenir assez lointain, les derniers se situent dans un avenir plus proche. Est-ce parce que tout évolue plus vite et que vous n’arrivez pas à vous projeter aussi loin qu’avant ?

WG : Je suis content d’être perçu comme un visionnaire, mais il faut poser une bonne fois pour toutes : la science-fiction, même très futuriste en apparence, ne parle que de notre présent ou de notre passé. Neuromancien était un roman de présent-fiction, Code Source se situe… dans un passé proche. Il ne s’agit pas de prédire ni de décrire mais de regarder dans un autre prisme. C’est en quelque sorte un travail sociologique avec un regard décalé.

Toute représentation de la réalité nécessite une part de spéculation de la part de celui qui observe. Mes premiers romans sont dans un temps lointain car je ne voulais pas qu’ils soient trop vite datés, ni que l’on identifie clairement a posteriori à quel moment ils pouvaient avoir lieu. La fiction est comme l’histoire, elle change à mesure que notre regard rétrospectif évolue. Si je voulais ramener un seul élément du futur, ce serait le regard historique, stratifié et analysé de nos descendants sur ce qui est notre présent. Il faut avoir les outils de la science-fiction, créés au XXème siècle, pour comprendre le monde contemporain.

E : A propos de cybernétique, pensez-vous que les implants que vous décrivez dans vos romans seront une réalité un jour ? Comment seront-ils acceptés ? Serons-nous encore vraiment humains une fois cybernétisés ?

WG : C’est difficile à dire. Les premiers à réclamer l’usage concret de recherches cybernétiques seront sûrement les personnes handicapées. Il sera difficile de refuser à un aveugle un oeil cybernétique. Mais comme toujours, c’est le regard a posteriori qui déterminera quand nous avons changé.

Nos arrière-petits-enfants détermineront la frontière entre humain et plus qu’humain, entre marge et pratique courante.
> Article initialement publié en octobre 2008 chez Enikao

> Illustrations CC Flickr par HAZE – Comatose et Frederic Poirot

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I wanna be a Gonzo journalist! http://owni.fr/2010/03/21/i-wanna-be-a-gonzo-journalist/ http://owni.fr/2010/03/21/i-wanna-be-a-gonzo-journalist/#comments Sun, 21 Mar 2010 10:41:39 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=10542

hunter

Hunter S. Thompson était au journalisme ce que Kerouac, Burroughs et Bukowski furent à la littérature et aux excès en tous genres. Comme son imposante biographie signée William McKeen sort ces jours-ci en français sous le titre “Journaliste et Hors la Loi” (critique à venir sur ce blog), je devrais en parler au présent.  Mais j’en parle au passé. Car Hunter Stockton Thompson est mort un peu oublié, à 68 ans, le 20 février 2005 à Aspen Colorado. Mais aussi parce que la conception du métier qu’il incarnait et a inventé- le “gonzo journalism” – ce journalisme de récit littéraire, subjectif, sauvage et halluciné (pour en savoir plus allez faire un tour sur Gonzo.org) - est aujourd’hui en voie de disparition. Tout comme le journalisme d’investigation. Et en bonne partie pour les mêmes raisons.

Quel quotidien, quel magazine “sérieux” publierait un article commençant par ces lignes aujourd’hui ?

“Étranges souvenirs par cette nerveuse nuit à Las Vegas. Cinq ans après ? Six ? Ça fait l’effet d’une vie entière, ou au moins d’une Grande Époque — le genre de point culminant qui ne revient jamais. San Francisco autour de 1965 constituait un espace-temps tout à fait particulier où se trouver. Peut-être que ça signifiait quelque chose. Peut-être pas, à longue échéance… mais aucune explication, aucun mélange de mots ou de musique ou de souvenirs ne peut restituer le sens qu’on avait de se savoir là et vivant dans ce coin du temps et de l’univers. Quel qu’en ait été le sens…”

(“Las Vegas Parano”)

Hyperformatage

Dans la plupart des médias, la narration écrite, sonore et visuelle est désormais hyper-formatée. Accroche, déroulé, chute… tous les sujets sont traités à la même moulinette normative. Chaque article, chaque lancement radio ou télé doit rentrer dans le même cadre préétabli. Surtout ne pas surprendre, ne pas déstabiliser le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur…

Le journaliste français, notamment, s’aventure de plus en plus rarement en dehors des techniques journalistiques et des clôtures stylistiques acquises lors du fameux double cursus “idéal” Sciences Po + CFJ. Cela tombe bien : les journaux sont de moins en moins demandeurs de reporters, enquêteurs, chroniqueurs et autres aventuriers plumitifs qui sortent du cadre. Ils n’en ont plus ni l’envie ni les moyens. Place à l’info standardisée et aux économies d’échelle rédactionnelles. Envoyer un Gus faire le gonzo journaliste dans le désert du Nevada au moment où la presse coule à pic comme le Titanic ? Vous n’y pensez pas !

Incapable de s’adapter à la révolution internet, d’inventer de nouveaux modèles pour faire payer l’information dans un monde où la gratuité est la règle, la vieille presse est en déroute. Les grands quotidiens, les grands magazines, sont paniqués comme des “Newsososaures” devant le raz-de marée numérique qui balaie leur monde. Leurs ventes au numéro s’effondrent, leurs recettes publicitaires fondent comme neige au soleil sous l’effet du grand réchauffement digital. Et la nourriture nécessaire à leur survie se fait rare : il n’y a pas ou peu de nouveaux revenus sur le Web. Les annonceurs tirent les prix de la pub toujours plus bas et les internautes ne veulent pas payer pour l’info comme l’a encore démontré récemment une étude du Pew Research Center.

Leur débandade aurait fait ricaner Hunter S. Thompson, lui qui, par nature, adorait le chaos porteur de processus créatif . Ses articles et ses récits qui sont devenus des livres comme “Hells Angels” (une formidable enquête de terrain qui le conduira à l’hôpital après ce qu’il qualifia de “querelle éthylique spontanée”) ou encore “Las Vegas Parano” (un reportage sur une course de motos dans le désert qui se transformera en quête mythique du rêve américain sous LSD) en sont les meilleurs témoignages.

J’entends d’ici le rire sardonique de ce véritable émeutier du journalisme qui dans les Sixtie’s publia les meilleurs articles du moment sur le mouvement hippie dans le “New York Times”, avant de travailler pour “Esquire” ou “Rolling Stone”, puis de signer un contrat d’auteur dont les agents de Random House se souviennent encore. Plutôt que de se lamenter avec les pleureuses de la “Mediapocalypse”, rions un peu avec Hunter et cette petite vidéo compilant les meilleures scènes du film adapté de “Las vegas Parano” (avec Johnny Depp méconnaissable dans le rôle de Thompson).

Mais c’est vrai, un peu de sérieux, car dans la débandade de ces dinosaures de l’info, c’est tout un écosystème professionnel et démocratique qui est aujourd’hui menacé.

En route vers l’info-burger


Le processus se déroule sous nos yeux :

- Dans un premier temps,
les rédactions des journaux sont décimées par les plans sociaux. Et désincarnées par la rationalisation quasi-Tayloriste du travail à coup de nouveaux systèmes informatiques et de production “online” en batterie. Les journalistes survivants – majoritairement les plus jeunes et les moins expérimentés, les plus souples et les moins forcenés – sont alors soumis au diktat du “marketing éditorial” et de concepts venus d’outre-Atlantique dont le principal avantage est de pallier le manque de moyens humains (le “data journalisme”auquel j’ai consacré ce billet à charge en est un bon exemple). C’est ce que nous vivons depuis déjà plus d’une décennie dans le métier.

- Conséquence mécanique de cette logique 100 % comptable qui veut que les journaux deviennent “des entreprises” (et rien que cela) déclinant leur “marque” (sic), et l’information “un produit” (et rien que cela), c’est le nivellement par le bas des exigences morales et professionnelles qui menace, la perte de sens et des repères déontologiques qui guette. Nous sommes en plein dedans.

- Au stade final, on assiste au dépôt de bilan et à la fermeture des journaux, puis à la disparition progressive du pluralisme de l’information écrite au profit des mêmes dépêches dupliquées à l’infini sur Google News et des médias audiovisuels qui privilégient de plus en plus la forme sur le fond…quand ils ne sont pas au journalisme ce que le fast-food est à la restauration.
journaliste-et-hors-la-loi

C’est sûr, Hunter S. Thompson n’aurait pas du tout aimé cela. Il partirait dans de folles diatribes, cracherait par terre en soufflant la fumée de son éternel fume-cigarette par les oreilles, agonirait d’injures les responsables de ce désastre : le Kapital, les patrons de journaux, les journalistes, les lecteurs, la technologie, Internet, les internautes, la consommation, le prêt à consommer, l’inculture et la culture du vide… bref collectivement NOUS.

Mais dans le désastre qui fait aujourd’hui de la presse une Siderurgie 2.0 (j’emprunte le concept à Pierre Chappaznous sommes encore quelques uns, journalistes professionnels, a essayer des chemins de traverse, faute de pouvoir prendre le maquis. On nous accuse d’être réactionnaires, rétifs au changement, aux “réformes” (le mot a tellement été “retourné” comme un gant sur le plan sémantique). Parce que nous n’adhérons pas à la logique du flux pour le flux, du toujours plus avec moins, du journalisme “Shiva” multitâches, du rédiger toujours plus court, toujours plus vite, toujours plus mal… Parce que nous moquons les nouvelles modes et refusons l’illusion que le tout-technologique sera la Panacée de la crise des médias. Ce scientisme est parfois poussé jusqu’à l’absurde : avez-vous déjà entendu parler du “robot-journalisme” auquel j’ai consacré ce billet ?


Aux avant-postes du front numérique


Mais dans les faits, ceux qui restent attachés à la mission première du métier (la recherche d’une information originale, sa vérification, sa narration dans les règles de l’art pour le plaisir d’écrire et de lire) sont souvent aux avant-postes du front numérique. Au coeur de l’expérimentation journalistique ET technologique. Dans le partage communautaire de l’info avec les confrères ET les lecteurs. Sur les blogs, sur Twitter, ou ailleurs
Nous sommes mêmes quelques uns, quadras et quinquas élevés au lait quotidien des “A la” et des bouclages à l’ancienne, à avoir faire notre mue 2.0 voire 3.0. Bref à être débarrassés de tout sentimentalisme pour l’ancien monde de l’ imprimé. Celui de Gutenberg, des rotatives, des grèves du Livre CGT et des liasses de journaux livrés aux kiosques aux premières lueurs de l’aube. Laissons le mourir ce vieux monde puisque les lecteurs d’aujourd’hui n’en veulent plus (… mais pas trop vite quand même car il nous fait encore bouffer ;-).

Regardez autour de vous dans les métro parisien : il y a certes encore des gratuits entre les mains des voyageurs (puisque ce sont des gratuits), mais “Libé”, “Le Monde” et les autres quotidiens payants sont des espèces en voie de disparition. Les moins de 35 ans consomment désormais  l’info sur l’écran de leurs smartphones, leurs ordis et bientôt leurs tablettes. C’est irrémédiable.
Qu’il meure donc ce vieux monde du papier puisqu’ il va forcément renaître sur le Web sous d’autres formes (la nature a horreur du vide et savoir ce qui se passe dans le monde ou en bas de chez soi est l’un des grands besoins essentiels de l’humanité), en donnant naissance à de nouvelles expériences journalistiques individuelles, collectives et communautaires. [A ce propos spéciale dédicace à tous ceux qui tentent de réinventer le journalisme en le mettant à l'heure du web participatif, chez Rue89, Owni.fr Electron Libre, j'en oublie...et à ceux qui remettent au goût du jour le journalisme de récit comme les gens de la revue "XXI"].

Et puisqu’il faut savoir terminer un billet, je parlerai donc d’Hunter S. Thompson au présent : “I wanna be a gonzo journalist” ! Je l’ai exprimé d’une autre manière dans d’autres billets. Je le redis ici. L’époque n’est pas porteuse pour le journalisme de récit, d’enquête et de reportage avec du panache, du nerf et des tripes .Ce journalisme engagé qui revendique l’honnêteté subjective plutôt que de s’abriter derrière une fausse objectivité bien hypocrite est pourtant à mon sens l’un des meilleurs moyens de ramener le lecteur à s’intéresser à la presse.
Car le lecteur est sans doute moins con qu’on ne le croit : quand on lui sert autre chose que de l’info-burger et de l’eau tiède, il en redemande. Et si on le surprend, on l’interpelle, il est prêt payer pour voir, lire, apprendre, voyager et s’aventurer hors des frontières de  l’actualité pré-machée. C’est en tout cas ma conviction. L’époque est peut-être aux OS de l’info et au “temps de cerveau disponible”.

Mais il n’est pas trop tard pour changer l’époque. Cela tombe bien la révolution numérique va nous y aider.
Jean-Christophe Féraud
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