OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La galaxie Beastie Boys http://owni.fr/2011/05/14/la-galaxie-beastie-boys-hot-sauce-committee-pt2-adrock-mca-miked-anthologie/ http://owni.fr/2011/05/14/la-galaxie-beastie-boys-hot-sauce-committee-pt2-adrock-mca-miked-anthologie/#comments Sat, 14 May 2011 08:00:33 +0000 Gwen Boul http://owni.fr/?p=62541 Article initialement publié sur OWNImusic.


Hot Sauce Committee part 2, le nouvel album des Beastie Boys, est enfin sorti. Le groupe avait plusieurs fois reporté la sortie de l’album. Après une sortie déjà décalée en 2009 pour cause de Crabe qui s’invitait dans la gorge d’Adam Yauch, alias MCA, le groupe refaisait le coup en 2010. « Pas avant 2011 les amis ! ». Promesse finalement tenue avec un disque qui réjouit les fans. C’est l’occasion pour OWNImusic de republier la petite balade dans la galaxie Beastie Boys, balade guidée par Gwen de Centrifugue. Un univers gigantesque, aux astres multiples et empli d’univers parallèles. Décollage.

Les grands champs gravitationnels

Débutons notre périple cosmique par ceux qui ont modelé cette galaxie : les inspirateurs et les producteurs.

Lee Scratch Perry

Le producteur incontournable dans l’histoire du reagge et du dub. Celui-ci fit une apparition remarquée sur Hello Nasty avec le morceau Dr Lee PhD. Une association débutée lors d’une première partie des Beastie assurée par Lee Perry, à l’occasion d’une tournée au Japon en 1996. Mais l’influence est plus ancienne et remonte à l’EP Cooky Puss en 1983, qui comportait les morceaux dub-reggae Beastie Revolution et Bonus Batteret l’on retrouve également un sample de Dub Revolution sur Ill Communication. Une référence évidente aux B-sides, ces reprises instrumentales créées par Lee Perry et qui donneront naissance au dub.

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Rick Rubin

« Le plus grand producteur de ces 20 dernières années » pour Corey Moss sur le site de MTV. Lister le nombre de groupes qui ont travaillé avec lui est une gageure (On citera rapidement Slayer, Metallica, LL Cool J et Public Enemy pour la forme). Mais son influence sur les Beastie est indéniable. C’est en effet rien moins que le producteur et le coauteur de Licensed to Ill en 1986.

Licensed to Ill. Premier album (LP) des Beastie Boys. Premier album de rap à entrer dans le classement Billboard 200. Vendu à plus de 9 millions d’exemplaires. Décollage immédiat vers la célébrité.

Si l’album nous balance des bombes hip-hop, le fan de metal qu’est Rick Rubin donne aux Beastie Boys l’occasion de nous délivrer Fight for Your Right to Party et No sleep till Brooklyn, avec le solo furieux de Kerry King, guitariste de Slayer. Deux morceaux de rap-metal qui n’ont pas pris une ride après plus de 20 ans.

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Les Dust Brothers

En 1988, la rupture avec Dej Jam, le label créé par Rick Rubin , est consommée. En cause des problèmes de royalties mais également de tempérament. Car la lourdeur musicale du bonhomme déteint un peu sur son caractère. Et les Beastie, passés maitres en conneries diverses et variées, n’ont pas l’intention de devenir juste cons.

Direction donc Los Angeles où ils rencontrent les Dust Brothers. Pas forcement connus du grand public, ils ont pourtant lancé la carrière de Beck (L’album Odelay et son single Loser, c’est eux) et ont composé la BO de Fight Club. Mais dans le coin de galaxie qui nous intéresse, ils sont à l’origine d’un des chefs-d’oeuvre des Beastie (et même pour le fan transi que je suis, le mot n’est pas usurpé) : Paul’s Boutique.

Les samples incalculables qui composent l’album étaient destinés à l’origine à leur usage personnel. Mais les Dust Brothers ont eut le bon goût de laisser les Beastie poser leur voix et leurs instruments dessus (Et problablement divers produits au passage…). Grand bien leur en a pris.

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La scène hardcore

Cela va finir par devenir une antienne sur ce blog mais il est toujours bon de rappeler que nos trois rappeurs de New York ont commencé par du punk-hardcore bien énervé. Comme nous l’avions vu ailleurs, les rastas furieux de Bad Brains, virés en 79 de Washington DC, y ont changé la face de la scène hardcore naissante.

Et celle du bassiste Adam Yauch, futur tiers des Beastie Boys, qui ira les voir jouer plus de 50 fois, comme il le confiait en 1994 dans le magazine Guitar World. Et outre les initiales communes du groupe en guise d’hommage, cette influence s’est manifestée à plusieurs reprises. Brouillés, les membres de Bad Brains se reformeront ainsi en 1995, à l’occasion d’une tournée des Beastie Boys . Et Yauch produira Build a Nation en 2007, leur dernier album en date. Rajoutons enfin l’utilisation par les Beastie de samples de The Big Take Over et Supertouch / Shift It sur, respectivement, Pass The Mic et The Maestro.
Deux autres groupes à citer également : Black Flag (vu ici ou ), autre grosse influence d’Adam Yauch, et Reagan Youth , groupe new yorkais ayant débuté en même temps qu’eux.

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Les étoiles filantes

Des passages souvent fugaces. Mais ils ont tous permis à la galaxie Beastie d’entrer en expansion.

Madonna

Ca fait un peu étrange de voir ce nom écrit par ici. Moi même je m’en étonne. Pourtant en 1985, le groupe enregistre le single She’s on it avec le tout jeune Rick Rubin. Un carton qui les amène sur la tournée Like a Virgin. Si l’on en garde peu de choses à part une photo (voir plus haut), la légende voudrait qu’un des Beastie y soit passé avec la Madonne dans un placard… Ah, la jeunesse.

Kim Gordon

Restons chez les filles avec la bassiste de Sonic Youth. Outre le fait que Mike D lui ait donné un coup de pouce pour lancer un magasin de vêtements (X large), celle-ci fera une apparition pour un morceau lors de la tournée Tibetan Freedom. De quoi faire lever le sourcil des fans de scène indé.

Spike Jonze

Canonball des Breeders, Electrolite de REM, Da Funk de Daft Punk, c’est lui. Un sympathique CV. Et de la même manière que Rick Rubin, il va offrir parmi les meilleurs clips des Beastie. Sabotage en tête bien sûr, mais n’oublions pas Sure shot (Le morceau qui a fait découvrir le groupe à votre serviteur).
Beastie Boys – Sure Shot

Fatboy Slim

1998. Sortie d’Hello Nasty. Une incroyable variété de styles musicaux s’y entremêlent. Reggae, ballade, easy listening, electro et hip hop. De quoi en décontenancer certains. C’est la même année que sort You’ve Come a Long Way Baby, l’album qui va lancer la carrière de Fatboy Slim auprès du grand public. Les deux entités se rencontrent et accouchent d’un remix de Body Movin, si apprécié par le trio qu’il remplacera l’original pour le clip vidéo

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Q-Tip

On terminera cette section par une autre collaboration unique. Celle de Q Tip du groupe Tribe Called Quest sur le morceau Get it Together, en 1994. Outre la qualité évidente de la chanson, elle permet aux Beastie de rester, malgré leurs succès, profondement ancrés dans la culture hip hop.

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Les satellites

Adam Yauch, Mike D et Adrock, ces trois planètes massives ne doivent pas occulter les satellites, d’apparence certes plus réduite, mais tout aussi majestueux.

Eric Bobo

Sans Eric Bobo, pas de percus sur Ill Communication et Hello Nasty. Ca sonnerait tout de suite moins bien. Il faut dire qu’avec un père à l’origine du latin jazz et pote à Tito Puente, cela aide pour apprendre la musique. Pour plus d’infos je vous conseille d’allez faire un tour sur le site Latin Rapper pour y lire une interview du monsieur.

Après avoir gravité autour des Beastie, Eric Bobo changera d’orbite dans les années 90 pour se rejoindre Cypress Hill. Sympathique coin de l’univers au demeurant.

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Alfredo Ortiz

Remplaçant Eric Bobo aux percus, Alfredo Ortiz est du genre astre itinérant. Pour avoir un aperçu de ses déplacements, direction l’article publié sur l’excellent site Mic to Mic. On rajoutera pour l’anecdote que le sieur Ortiz offre ses talents de percussionniste à Tenacious D (autre plus grand groupe du monde, mais dans la catégorie rock) sur leur album éponyme.

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Mario Caldato Jr

Si Paul’s Boutique est si génial c’est, comme nous l’avons vu dans le post précédent, grâce aux Dust Brothers. Mais également à cet homme, qui opéra en tant qu’ingénieur du son.

En plus de jouer du clavier et des percus dans les groupes Soul Stick, Wake, Phaze et Phaze II, de produire ou d’offrir ses oreilles aiguisées à moults artistes, le bonhomme aura également le temps de produire l’album Hello Nasty et de s’assurer de la qualité du son lors des tournées des Beastie. La légende urbaine voudrait que cet homme trouve le temps de dormir. Peu crédible.

Deux liens à conseiller : une interview (format PDF) en provenance du site Make Shift Studio et une autre lisible sur le site Sound and Colours.

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Money Mark

Le satellite qui se retrouve là un peu par hasard. Money Mark, alias Mark Ramos Nishita, fut en effet répéré par ses dons de charpentier, alors que les Beastie Boys résidaient au G-Spot, leur QG à Los Angeles. Aussi doué avec le bois qu’avec les touches de piano, et accessoirement ami de Mario Caldato, il collaborera aux albums Check Your Head et Ill Communication.

Assez discret, vous le connaissez certainement pour un autre morceau :

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Et oui, le clavier au début, c’est lui.

Money Mark, en plus de jouer dans le Omar Rodriguez Lopez Quintet (projet du guitariste de Mars Volta) et dans Banyan (groupe de Stephen Perkins – Jane’s Addiction, Porno for Pyros-), nous pond de temps à autres des albums en solo. Ambiances naïves et confortables au programme, mais aussi morceaux délicieusement groovy. Votre serviteur n’a point eu le temps d’écouter l’ensemble de son oeuvre, mais l’album Change is Coming est hautement recommandable.

Biz Markie

Un astre resté un peu trop dans l’ombre. Débutant dans les années 80 comme beatboxer (à voir à ce propos un extrait avec Roxanne Chanté en 1986), Biz Markie, doté d’un humour ravageur, va collaborer à plusieurs reprises avec les Beastie Boys (sur les albums Check Your Head, Ill Communication et Hello Nasty) et même se fendre d’une reprise anthologique de Benny and the Jets d’Elton John (disponible sur la compilation The Sounds of Science) :

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Repéré en 1989 grâce à son tube Just a Friend, sa carrière solo ne décollera pourtant pas. Biz Markie s’est en effet retrouvé au coeur d’un des grands procès qui a modifié la scène hip-hop, celui des samples. Lors de la sortie en 1991 chez Warner de son album I Need a Haircut, le musicien folk Gilbert O’Sullivan décide de poursuivre le label pour avoir utilisé sans autorisation un sample de sa chanson Alone Again (Naturally).

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Suite à ce procès, l’album de Biz Markie sera retiré de la vente. Et les maisons de production devront clarifier légalement, auprès de leurs créateurs originaux, l’utilisation de chaque sample. Ce que fera avec humour Biz Markie avec son album suivant, All samples cleared !. Mais sa carrière musicale en solo est définitivement amochée.

Heureusement celui-ci continue sa route, notamment à la télévision dans l’émission In Living Color des frères Wayans (où Jim Carrey fit ses premiers pas télévisuels). On le retrouvera également en animateur d’une radio hip-hop dans le jeu GTA San Andreas, et il se fendra même d’un morceau avec DJ Yoda sur l’album The Amazing Adventures of DJ Yoda, Breakfast Cereal.

Le morceau n’est plus dispo sur Youtube mais vous pouvez l’écouter sur Deezer

Les anneaux en vinyle

Que seraient trois MC sans leur DJ ? Ou plutot leurs DJs. Premier en date, le producteur Rick Rubin qui officiera sur la tournée avec Madonna. Il sera suivi de Dr Dre (à ne pas confondre avec le fondateur de Death Row Records et acolyte entre autres d’Eminem) Vous pouvez trouver des mixtapes de Dr Dre (au vu des morceaux, je pense qu’il s’agit du MC des Beastie) sur le blog Tha Original Mixtapes & Dj’s. Peu connu du public, Dr Dre sera pourtant, via son émission consacrée au rap sur MTV, pour beaucoup dans la reconnaissance des Beastie Boys.

Deux DJs sortent malgré tout du lot : DJ Hurricane et Mix Master Mike. Le premier a débuté dans le sillage de Run DMC. Et c’est lors d’une tournée commune en 1986, le Raising Hell, que DJ Hurricane rejoint les Beastie Boys, en remplacement de Dr Dre, lassé de la vie sur la route.

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Hurricane travaillera avec les Beastie jusqu’en 1997 et la venue du seul et unique : Mix Master Mike. Trustant les titres de champions du monde des DJ avec son comparse Qbert, tout amateur des Beastie connait désormais la drolatique intro du clip Three MC and one DJ. Et une seule conclusion possible : ce mec est brillant. Et innovateur (En plus d’avoir Will Ferrell pour faire son intro… Y en a qui cumulent, j’vous dis).

Pour ceux qui en douteraient, réécoutez Hello Nasty (cf l’intro à la pédale wa wa sur la version album de Three MC ’s and one DJ) et To the 5 Boroughs. Mais je vous conseille également de vous pencher sur son travail solo, en particulier l’EP Eye of the Cyklops.

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Et pour tous les amoureux des DJs, un documentaire à voir : Scratch (ou vous pouvez regardez quelques vidéos ici )

Glen Friedman, l’astronome

Nous en avions parlé vite fait ici, aussi je serai bref. Juste pour rappeler que la collaboration entre Friedman et les Beastie remonte aux tous premiers albums publiés chez Def Jam et qu’il est à l’origine d’un paquet de photos mythiques du groupe, dont la plus connue est peut-être celle de Check Your Head, et son noir et blanc classieux.

Run DMC, la planète jumelle

Si l’on se doit de citer Public Enemy dans ce papier (via Party for Your Right to Fight, leur clin d’oeil à Fight for Your Right to Party des Beastie), les liaisons les plus fortes demeurent celles avec Run DMC. Nous les avions déja croisés dans le post précédent, mais comme une piqûre de rappel fait toujours du bien :
Run DMC – It’s Tricky

Run DMC sera souvent cité comme pendant afro-américain des Beastie. Quitte à parfois s’en servir pour rabaisser les Beastie Boys, qualifiés à leurs débuts de pâle copie. La question ne se posait pourtant pas pour les deux groupes. Tournée commune, même DJ, même croisement entre metal et rap (avec le célèbre Walk this Way en duo avec Aerosmith). La chanson Slow and Low de Beastie était de plus à l’origine un morceau de Run DMC. Et pour achever de vous convaincre, autant regarder ces extraits :

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Direction les mondes parallèles

À force de grossir, cette galaxie voit parfois la réalité se déchirer, révélant des mondes parallèles, quand ce ne sont pas des zones entières qui se métamorphosent suite aux assauts des remixeurs. Tentative de cartographie d’un espace à multiples dimensions.

Les « side projects »

The Young Aborigine

Passons vite fait sur ce groupe qui fut un premier jet avant le changement de nom en Beastie Boys. Créé en 1981, le groupe sera le premier projet d’Adam Yauch et Michael Diamond, pour le meilleur… Et pour le meilleur.

Quasar

Pour résumer, Quasar c’est un peu “Dark Side of the Beastie”. Après le succès d’Ill Communication en 1994, qui se classe directement N°1 au classement Billboard, et leur participation au festival Lollapalooza, le groupe décide de faire un break niveau célébrité.

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Vous pouvez également regarder un concert à Coney Island, en 1995, par ici.

Sous le nom de Quasar, le trio se lance avec Amery « Awol » Smith (premier batteur de Suicidal Tendancies, qui travaillera ensuite pour The Mars Volta et Queen of the Stone Age) dans une tournée où ils interprètent leur répertoire punk-hardcore (à retrouver sur l’album Aglio e Olio). Les Beastie vont ainsi écumer les scènes dans l’anonymat. Juste pour le plaisir de rejouer comme au bon vieux temps.

The Young and the Useless

Retour brutal en arrière, tel un Mix Master Mike éméché, avec The Young and the Useless. Un nom pour deux groupes.

Le premier, en 1982, a accueilli Adam Horowitz, alias Adrock, avant qu’il ne bascule définitivement vers les Beastie Boys avec le succès de Cooky Puss. Ce départ mettra rapidement un terme à The Young and the Useless deux ans plus tard. Grâce à la magie du net vous pouvez cependant écouter leur seul et unique album, l’EP Real Men Don’t Floss. Du bon petit punk-hardcore rapide et abrasif.

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Au passage, la mort par overdose de Dave Scilken, en 1991 l’un des membres de The Young and the Useless, marqua beaucoup les Beastie. Check Your Head, un album qui lui est dédié, marquera un tournant pour le groupe, mettant un terme aux excès qui avaient caractérisé leur début de carrière.

L’autre Young and Useless fut formé en 1984, avec Dave Scilken, Adam Horovitz (Adrock), Adam Yauch (MCA) et Kate Schellenbach. Cette dernière n’est autre que la première batteuse des Beastie Boys (déjà là à l’époque de The Young Aborigine).

Mais avec l’arrivée de Rick Rubin aux commandes, les frictions sont nombreuses car il ne veut pas d’une nana dans son groupe (les joies du machisme…). Les Beastie Boys se séparent alors de leur batteuse pour partir vers le hip hop, mais ils continuent à jouer en parallèle avec elle leurs morceaux hardcore. A nouveau, le succès et la tournée avec Madonna l’année suivante mettront un terme au groupe.

BS 2000

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Projet d’Adrock avec le batteur Awol Smith, BS 2000 a sorti deux albums (Un éponyme et Simply Mortified) à l’ambiance décalée. Les morceaux sont courts, minimalistes et enlevés. Flirtant parfois avec la jungle (With The Flow) ou l’electro-hip hop de Criminal Minds (Shock), la musique de BS 2000 fait également écho aux expérimentations d’Hello Nasty ou aux compositions de Money Mark. Une curiosité à redécouvrir. Pour plus d’infos sur le groupe, je vous renvoie à cet article de Beastiemania. >On retrouve d’ailleurs dans le nouveau album, Hot Sauce Comitee, de nombreux clins d’oeil sonores à BS 2000.

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Country Mike

La preuve que la barrière entre folie et génie est fine (Et ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire !). Comme l’explique MCA dans le livret de la compilation The Sound of Science, Mike D fut victime d’un accident durant l’enregistrement d’Hello Nasty . Un mauvais coup sur la tête le rendant amnésique. Revenu à lui, le malheureux s’est pris pour Country Mike, un chanteur de country. Suite à l’avis des psychologues, ses collègues ont tout fait pour ne pas le contrarier et l’on laissé enregistrer des morceaux.

Plus sérieusement, on retrouvera d’abord deux morceaux sur la compilation The Sound of Science mais un album de 13 titres sera réalisé par la suite comme cadeau de Noël par les Beastie et distribué en 1998 à leur famille et proches amis. Introuvable en magasin, nous pouvons heureusement compter sur l’esprit partageur des Internettes pour nous permettre de savourer ces morceaux (et ça se passe par ici)

The Flophaus Society Orchestra

Encore un projet du pas très stable Mike D qui s’attaque en 1986 au jazz. Peu d’infos sur le groupe si ce n’est deux morceaux écoutables sur le site SuperSoulSound. Vous pouvez toutefois lire l’article posté sur le blog Nicky Fingaz Reality Tunnel suite au décès de Dave “Bosco” Danford, l’un des membres du groupe.

Brooklyn

Groupe éphémère d’Adam Yauch, Brooklyn s’est formé fin 87-début 88. Il délivre dans sa seule démo (qui se déniche ici) un rock sympa, même si l’on sent que Yauch n’est pas des plus à l’aise au chant. L’expérience Brooklyn ne sera toutefois pas vaine car l’intro à la basse de I Don’t Know sera réutilisée dans le célèbre morceau des Beastie Boys Gratitude. Enfin, au risque de paraitre encore une fois obnibulé, on soulignera que le bassiste de Brooklyn n’est autre que Daryl Jennifer, membre de Bad Brains (son interview à lire sur Beastiemania).

Three Bad Jewish Brothers

Nous terminerons cette liste hétéroclite par le projet le plus étrange, mais aussi le plus mystérieux. Avec l’aide du photographe Josh Cheuse et Kio Turner, les Beastie Boys montent en 1985 un sketch parodiant Run DMC, dont les membres deviennent Funky Ismael ou Grand Master Jew. Malheureusement il ne reste, à ma connaissance, aucun document sur cette blague. Tout juste puis je vous conseiller de regarder ce petit documentaire sur le travail de Josh Cheuse ou de lire cet article publié sur Living Proof Magazine.

Les remixes ou le Big Bang permanent

Non content d’être farcie d’univers parallèles, la galaxie Beastie Boys est également sujette à la recréation perpétuelle. Qu’elle soit du fait des Beastie eux-mêmes ou de quelqu’autre démiurge.

Remixes internes

Je passe vite fait sur la première catégorie, en vous conseillant de vous procurez leur album Root Down, pas dégueu du tout. Quant à ceux qui ne possèdent aucun album des Beastie Boys, c’est le moment de vous les procurer : de nouvelles éditions, avec remixes et morceaux rares, sont en effet disponibles actuellement sur leur site officiel.

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Remixes externes

Attaquons nous donc plutôt aux remixes d’élements extérieurs avec, pour commencer, Night of The Leaving Beastie. Le projet est né du site Beastie Mixes suite à un concours special Halloween. Le mélange entre la musique des Beastie et le film de Romero, Night of The Living Dead (alias La Nuit des Morts-vivants dans nos contrées ) est vraiment réussi, certains remixes arrivant à égaler les originaux. En particulier Crawlspace de DJ Fatty Ratty ou celui de Bassdriver qui suit :

Et j’oubliais, la compilation se télécharge ici.

Continuons avec l’album Still Ill, remixes et raretés (dont un super morceau, Spam, avec Adrock, Mike D et Milk Dee) compilés par Dr Numbers (qui a réalisé le même travail sur Eminemmais bon courage pour vous le procurer légalement). Du très bon là aussi et, si mon amour des zombies ne me troublait pas mon jugement, cette compilation aurait figuré en première place sur la liste.

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L’album s’avère assez difficile à trouver mais vous pouvez vous le procurez en mp3 sur le site Soundbox pour moins de 4 dollars. C’est donné.

Autre curiosité, la rencontre des Beatles et des Beastie sous la conduite de DJ BC. Deux albums, Let it Beast et DJ BC presents The Beastles, ont été réalisés mais ne semblent pas commercialisés. Vous pouvez malgré tout en écouter quelques morceaux sur Youtube. Cela reste du mashup (combinaison de deux morceaux) assez simple, qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est toujours amusant de voir deux univers se percuter .

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Et pour conclure sur les remixes, l’un des derniers albums de remixes (téléchargeable gratuitement) que je viens de trouver : Doublecheck Your Head de Max Tannone. Ce dernier a également réalisé d’autres remixes (Jay-Z combiné à Radiohead ou Mos Def à la sauce dub). Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter en entier celui des Beastie mais les premiers morceaux étaient prometteurs.

Les Beastie Boys et les arts

Réduire les Beastie Boys à la musique serait incorrect, tant les ponts vers les autres arts sont nombreux. Tour d’horizon rapide.

Art graphique

J’ai assez parlé de la photo via Friedman mais allez quand même faire un tour sur la page de Life qui consacre un diaporama aux Beastie Boys. Je vous conseillerai donc d’aller plutôt faire un tour, histoire de changer, sur le site Beastiemania qui propose une collection énorme de stickers et flyers ainsi que des affiches de concerts.

Je souhaitais également vous parler d’une exposition qui a été consacrée aux Beastie Boys par la Galerie 1988 en Californie, mais il ne reste malheureusement quasiment plus aucune image visible de l’exposition (quelques unes ici quand même). J’en ai qui trainent dans ma collection d’images, j’essaierai de vous retrouver ca bientôt.
J’ai retrouvé un article qui présente la collection de Galerie 1988 et vous pouvez également retrouver d’autres photos sur ma galerie Flickr.

Cinéma

Vous avez déja pu constater le gout des Beastie Boys pour le cinéma, notamment dans les clips. Du polar 70’s (Sabotage), du Kaiju eiga (Intergalactic), de l’hommage au Danger : Diabolik ! de Mario Bava (Body Movin), il y en a pour tous les goûts.

Cette passion du cinématographe est particulièrement le cas d’Adam Yauch. Je vous renvoie à ce propos au reportage de Tracks de 2009 cité plus haut pour le détail mais mentionnons aussi le documentaire Radiant Child consacré au peintre Jean-Michel Basquiat, produit par Adam Yauch et réalisé par Tamra Davis, l’épouse de Mike D.

Enfin, comment pourrais terminer cette partie consacrée au septième art sans parler de l’utilisation du morceau No Sleep Till Brooklyn dans Out for Justice (Justice Sauvage par chez nous) de John Flynn !

Ecouter du Beastie tout en regardant Steven “Saumon Agile” Seagal (alors au top de sa forme) casser des bras et poursuivre William Forsythe en mode berzerk : une certaine idée du bonheur.

Le rire

Une partie qui aurait pu figurer dès le début du guide, à savoir l’influence des humoristes chez les Beastie Boys. Tout le monde connait désormais leur coté irrévérencieux et absurde mais on le comprend mieux quand on s’attarde sur leurs comiques préférés (et à ce titre je remercie encore Casio Hardcore pour son travail qui m’a bien aidé). Une inspiration que l’on retrouve dans le clip Fight for Your Right Revisited, avec la présence de Jack Black, Elijah Wood, Seth Rogen, Will Ferrell ou John C. Reilly

On retrouve en effet à plusieurs reprises des extraits de sketches dans les morceaux des Beastie Boys, en particulier Cheech and Chong, Steve Martin ou Richard Pryor. Des noms pas forcement connus dans nos contrées et c’est bien dommage.

Pur film de stoners, Up in Smoke/Faut trouver le joint est loin d’être une grande comédie mais les personnages de losers enfumés interpretés par Cheech Marin et Tommy Chong nous offrent des moments hilarants et devenus cultes dans la jeunesse américaine. On retrouve d’ailleurs des clins d’oeil au duo chez Cypress Hill ou, plus récemment, dans Machete, de Robert Rodriguez, avec l’apparition de Cheech Marin dans le rôle d’un curé .

Autre comique relativement peu connu en France avec Steve Martin, mais la c’est plus regrettable. Enquillant depuis les années 90 des films oubliables (comme les remakes de la Panthère Rose) ,  Steve Martin est peut-être ce qui se fait du plus proche de l’esprit Beastie Boys. A savoir du décalage, de l’improvisation et une folie en continu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Attention, le son n’est pas génial

Et pour l’apprécier à sa juste mesure, trois films à voir absolument (en VO) : Un vrai schnock (The Jerk) et L’Homme aux deux cerveaux (The Man with Two Brains) de Carl Reiner et Le plus escroc des deux (Dirty Rotten Scoundrels) de Frank Oz avec Michael Caine.

Concluons sur LE comique noir américain : Richard Pryor. Une tchatche de dingue et une inspiration essentielle pour des types comme Eddie Murphy, Chris Rock, David Chapelle ou Robin Williams. Si sa carrière au cinéma avait bien débuté (collaborations avec Mel Brooks et Gene Wilder, comme sur Le Shériff est en prison), ses propos qui n’épargnent personne (à l’image d’un autre grand comique, Lenny Bruce) lui fermeront beaucoup de portes.

Ceci, conjugué à des problèmes de drogue, l’éclipsera de l’affiche au profit d’Eddie Murphy. Je vous conseille malgré tout de regarder Comment claquer un million de dollars par jour qui, bien qu’inoffensif par rapport à ce qu’il faisait sur scène, reste un film amusant et à l’idée de base originale. A voir également, un documentaire qui vous éclairera sur l’importance de Richard Pryor et des autres humoristes afro-américains : Why we laugh, Black Comedians on Black Comedy.

Pour aller plus loin

Articles et reportages

Commençons par les ressources disponibles en français qui sont, somme toute, relativement peu nombreuses au regard du succès du groupe. Si vous vous êtes perdus dans mon guide galactique et accessoirement bordélique, vous pouvez lire, en dehors de l’habituelle fiche Wikipedia, un article de Vincent sur le site Musity ou celui de MC23 sur Hip Hop Core. Deux articles sous forme chronologique sans fioritures et bien écrits.
Je vous conseille sinon l’article de RabbitInYourHeadlights sur Indie Rock Mag qui aborde le groupe sous un angle original, celui du mash-up.

Heureusement qu’Arte est là sinon, avec un article de Paul Rambali dispo sur arte.tv, adaptation internet du reportage diffusé en 2009 sur la très bonne émission Tracks. Et toujours pour parler de Tracks, l’émission avait également diffusé un reportage en 2007, à l’occasion de ses 10 ans, visible (et un grand merci au passage à Unofficial Website Tracks qui a archivé une partie des reportages) juste en dessous :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour les articles en anglais, j’avoue avoir un peu la flemme de vous faire un listing, surtout que nous y reviendrons un peu plus bas. A noter quand même un article de Noel Dix sur Exclaim, chronologique et exhaustif,  et un papier de Jonah Weiner qui liste une série d’anecdotes sur les Beastie.

Ressources

Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentionner le site officiel des Beastie Boys… Enfin si après tout, mais juste pour vous conseiller de suivre les petites vidéos et commentaires d’Adrock et Mike D et d’aller faire un tour sur leur forum.

Fuyez Beastieboysremixes qui semble avoir rendu l’âme mais ruez vous sur deux sites indispensables : Beastiemania et Beastiemixes. Le premier est juste impressionnant en terme d’informations et me fut d’une grande aide pour réaliser ce guide. Le deuxième met quant à lui l’accent sur l’un des grands atouts des Beastie : la facilité avec laquelle il est permis de remixer, récréer à partir de leurs morceaux.

A ce propos, la section bootleg mérite à elle seule le détour. Outre des albums spéciaux et des raretés, vous pourrez y trouver les compilations, réalisées par Casio Hardcore ( son blog ici), avec l’ensemble des samples utilisés par les Beastie Boys sur chacun de leurs albums.

Un travail d’une patience incroyable qui prouve deux choses. La première c’est que l’on trouve toujours quelqu’un de plus barré que soi dans une passion. Et la deuxième c’est l’immense culture musicale des Beastie. Outre leur définitif Paul’s Boutique (plus d’une centaine de morceaux samplés – pour le détail c’est ici), le groupe est capable d’utiliser tout ce qui leur passe sous la main, de Black Sabbath à Grand Funk Railroad, ou de Johnny Cash à Africaa Bambaatta.

Bref, si vous voulez découvrir ou rédécouvrir la musique, ces compilations sont indispensables.

Pour l’actualité du groupe, vous pouvez bien entendu suivre le site officiel mais ajoutez à vos lectures Mic to Mic. Le rythme de parution est assez calme mais c’est toujours intéressant. A signaler de plus la galerie photo du site qui contient des pépites, dont pas mal de photos de Glen Friedman.

Enfin terminons par deux sites originaux : Beastie Boys Annoted qui nous éclaire sur les paroles de quelques chansons et ce FAQ qui répondra à vos principales interrogations sur le groupe.


Article initialement publié en 4 parties sur Centrifugue

Photo montage à partir des photos FlickR CC : PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales MrDevlar et PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales jaygoldman et Loguy

Photomontage à partir des images : AttributionShare Alike stallio et AttributionNoncommercial ewitch

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Les mondes parallèles des Beastie Boys http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/ http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/#comments Thu, 12 May 2011 15:09:56 +0000 Gwen Boul http://owni.fr/?p=31817 Hier, Gwen de Centrifugue nous emmenait dans la galaxie des Beastie Boys pour en explorer tous ses recoins. Mais à force de grossir, cette galaxie voit parfois la réalité se déchirer, révélant des mondes parallèles, quand ce ne sont pas des zones entières qui se métamorphosent suite aux assauts des remixeurs. Tentative de cartographie d’un espace à multiples dimensions.

Les « side projects »

The Young Aborigine

Passons vite fait sur ce groupe qui fut un premier jet avant le changement de nom en Beastie Boys. Créé en 1981, le groupe sera le premier projet d’Adam Yauch et Michael Diamond, pour le meilleur… Et pour le meilleur.

Quasar

Pour résumer, Quasar c’est un peu “Dark Side of the Beastie”. Après le succès d’Ill Communication en 1994, qui se classe directement N°1 au classement Billboard, et leur participation au festival Lollapalooza, le groupe décide de faire un break niveau célébrité.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous pouvez vous regarder également un concert à Coney Island, en 1995, par ici.

Sous le nom de Quasar, le trio se lance avec Amery « Awol » Smith (premier batteur de Suicidal Tendancies, qui travaillera ensuite pour The Mars Volta et Queen of the Stone Age) dans une tournée où ils interprètent leur répertoire punk-hardcore (à retrouver sur l’album Aglio e Olio). Les Beastie vont ainsi écumer les scènes dans l’anonymat. Juste pour le plaisir de rejouer comme au bon vieux temps.

The Young and the Useless

Retour brutal en arrière, tel un Mix Master Mike éméché, avec The Young and the Useless. Un nom pour deux groupes.

Le premier, en 1982, a accueilli Adam Horowitz, alias Adrock, avant qu’il ne bascule définitivement vers les Beastie Boys avec le succès de Cooky Puss. Ce départ mettra rapidement un terme à The Young and the Useless deux ans plus tard. Grâce à la magie du net vous pouvez cependant écouter leur seul et unique album, l’EP Real Men Don’t Floss. Du bon petit punk-hardcore rapide et abrasif.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au passage, la mort par overdose de Dave Scilken, en 1991 l’un des membres de The Young and the Useless, marqua beaucoup les Beastie. Check Your Head, un album qui lui est dédié, marquera un tournant pour le groupe, mettant un terme aux excès qui avaient caractérisé leur début de carrière.

L’autre Young and Useless fut formé en 1984, avec Dave Scilken, Adam Horovitz (Adrock), Adam Yauch (MCA) et Kate Schellenbach. Cette dernière n’est autre que la première batteuse des Beastie Boys (déjà là à l’époque de The Young Aborigine).

Mais avec l’arrivée de Rick Rubin aux commandes, les frictions sont nombreuses car il ne veut pas d’une nana dans son groupe (les joies du machisme…). Les Beastie Boys se séparent alors de leur batteuse pour partir vers le hip hop, mais ils continuent à jouer en parallèle avec elle leurs morceaux hardcore. A nouveau, le succès et la tournée avec Madonna l’année suivante mettront un terme au groupe.

BS 2000

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Projet d’Adrock avec le batteur Awol Smith, BS 2000 a sorti deux albums (Un éponyme et Simply Mortified) à l’ambiance décalée. Les morceaux sont courts, minimalistes et enlevés. Flirtant parfois avec la jungle (With The Flow) ou l’electro-hip hop de Criminal Minds (Shock), la musique de BS 2000 fait également écho aux expérimentations d’Hello Nasty ou aux compositions de Money Mark. Une curiosité à redécouvrir. Pour plus d’infos sur le groupe, je vous renvoie à cet article de Beastiemania. Edit : On retrouve d’ailleurs dans le nouveau album, Hot Sauce Comitee, de nombreux clins d’oeil sonores à BS 2000.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Country Mike

La preuve que la barrière entre folie et génie est fine (Et ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire !). Comme l’explique MCA dans le livret de la compilation The Sound of Science, Mike D fut victime d’un accident durant l’enregistrement d’Hello Nasty . Un mauvais coup sur la tête le rendant amnésique. Revenu à lui, le malheureux s’est pris pour Country Mike, un chanteur de country. Suite à l’avis des psychologues, ses collègues ont tout fait pour ne pas le contrarier et l’on laissé enregistrer des morceaux.

Plus sérieusement, on retrouvera d’abord deux morceaux sur la compilation The Sound of Science mais un album de 13 titres sera réalisé par la suite comme cadeau de Noël par les Beastie et distribué en 1998 à leur famille et proches amis. Introuvable en magasin, nous pouvons heureusement compter sur l’esprit partageur des Internettes pour nous permettre de savourer ces morceaux (et ca se passe par ici)

The Flophaus Society Orchestra

Encore un projet du pas très stable Mike D qui s’attaque en 1986 au jazz. Peu d’infos sur le groupe si ce n’est deux morceaux écoutables sur le site SuperSoulSound. Vous pouvez toutefois lire l’article posté sur le blog Nicky Fingaz Reality Tunnel suite au décès de Dave “Bosco” Danford, l’un des membres du groupe.

Brooklyn

Groupe éphémère d’Adam Yauch, Brooklyn s’est formé fin 87-début 88. Il délivre dans sa seule démo (qui se déniche ici) un rock sympa, même si l’on sent que Yauch n’est pas des plus à l’aise au chant. L’expérience Brooklyn ne sera toutefois pas vaine car l’intro à la basse de I Don’t Know sera réutilisée dans le célèbre morceau des Beastie Boys Gratitude. Enfin, au risque de paraitre encore une fois obnibulé, on soulignera que le bassiste de Brooklyn n’est autre que Daryl Jennifer, membre de Bad Brains (son interview à lire sur Beastiemania).

Three Bad Jewish Brothers

Nous terminerons cette liste hétéroclite par le projet le plus étrange, mais aussi le plus mystérieux. Avec l’aide du photographe Josh Cheuse et Kio Turner, les Beastie Boys montent en 1985 un sketch parodiant Run DMC, dont les membres deviennent Funky Ismael ou Grand Master Jew. Malheureusement il ne reste, à ma connaissance, aucun document sur cette blague. Tout juste puis je vous conseiller de regarder ce petit documentaire sur le travail de Josh Cheuse ou de lire cet article publié sur Living Proof Magazine.

Les remixes ou le Big Bang permanent

Non content d’être farcie d’univers parallèles, la galaxie Beastie Boys est également sujette à la recréation perpétuelle. Qu’elle soit du fait des Beastie eux-mêmes ou de quelqu’autre démiurge.

Remixes internes

Je passe vite fait sur la première catégorie, en vous conseillant de vous procurez leur album Root Down, pas dégueu du tout. Quant à ceux qui ne possèdent aucun album des Beastie Boys, c’est le moment de vous les procurer : de nouvelles éditions, avec remixes et morceaux rares, sont en effet disponibles actuellement sur leur site officiel.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Remixes externes

Attaquons nous donc plutôt aux remixes d’élements extérieurs avec, pour commencer, Night of The Leaving Beastie. Le projet est né du site Beastie Mixes suite à un concours special Halloween. Le mélange entre la musique des Beastie et le film de Romero, Night of The Living Dead (alias La Nuit des Morts-vivants dans nos contrées ) est vraiment réussi, certains remixes arrivant à égaler les originaux. En particulier Crawlspace de DJ Fatty Ratty ou celui de Bassdriver qui suit :

Et j’oubliais, la compilation se télécharge ici.

Continuons avec l’album Still Ill, remixes et raretés (dont un super morceau, Spam, avec Adrock, Mike D et Milk Dee) compilés par Dr Numbers (qui a réalisé le même travail sur Eminemmais bon courage pour vous le procurer légalement). Du très bon là aussi et, si mon amour des zombies ne me troublait pas mon jugement, cette compilation aurait figuré en première place sur la liste.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’album s’avère assez difficile à trouver mais vous pouvez vous le procurez en mp3 sur le site Soundbox pour moins de 4 dollars. C’est donné.

Autre curiosité, la rencontre des Beatles et des Beastie sous la conduite de DJ BC. Deux albums, Let it Beast et DJ BC presents The Beastles, ont été réalisés mais ne semblent pas commercialisés. Vous pouvez malgré tout en écouter quelques morceaux sur Youtube. Cela reste du mashup (combinaison de deux morceaux) assez simple, qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est toujours amusant de voir deux univers se percuter .

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et pour conclure sur les remixes, l’un des derniers albums de remixes (téléchargeable gratuitement) que je viens de trouver : Doublecheck Your Head de Max Tannone. Ce dernier a également réalisé d’autres remixes (Jay-Z combiné à Radiohead ou Mos Def à la sauce dub). Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter en entier celui des Beastie mais les premiers morceaux étaient prometteurs.

Les Beastie Boys et les arts

Réduire les Beastie Boys à la musique serait incorrect, tant les ponts vers les autres arts sont nombreux. Tour d’horizon rapide.

Art graphique

J’ai assez parlé de la photo via Friedman mais allez quand même faire un tour sur la page de Life qui consacre un diaporama aux Beastie Boys. Je vous conseillerai donc d’aller plutôt faire un tour, histoire de changer, sur le site Beastiemania qui propose une collection énorme de stickers et flyers ainsi que des affiches de concerts.

Je souhaitais également vous parler d’une exposition qui a été consacrée aux Beastie Boys par la Galerie 1988 en Californie, mais il ne reste malheureusement quasiment plus aucune image visible de l’exposition (quelques unes ici quand même). J’en ai qui trainent dans ma collection d’images, j’essaierai de vous retrouver ca bientôt. Edit : J’ai retrouvé un article qui présente la collection de Galerie 1988 et vous pouvez également retrouver d’autres photos sur ma galerie Flickr.

Cinéma

Ceux qui ont réussi à survivre aux trois derniers épisodes de ce guide ont déja pu constater le gout des Beastie Boys pour le cinéma, notamment dans les clips. Du polar 70’s (Sabotage), du Kaiju eiga (Intergalactic), de l’hommage au Danger : Diabolik ! de Mario Bava (Body Movin), il y en a pour tous les goûts.

Cette passion du cinématographe est particulièrement le cas d’Adam Yauch. Je vous renvoie à ce propos au reportage de Tracks de 2009 cité plus haut pour le détail mais, actualité oblige, mentionnons le documentaire Radiant Child consacré au peintre Jean-Michel Basquiat, produit par Adam Yauch et réalisé par Tamra Davis, l’épouse de Mike D.

Enfin, comment pourrais terminer cette partie consacrée au septième art sans parler de l’utilisation du morceau No Sleep Till Brooklyn dans Out for Justice (Justice Sauvage par chez nous) de John Flynn !

Ecouter du Beastie tout en regardant Steven “Saumon Agile” Seagal (alors au top de sa forme) casser des bras et poursuivre William Forsythe en mode berzerk : une certaine idée du bonheur.

Le rire

Une partie qui aurait pu figurer dès le début du guide, à savoir l’influence des humoristes chez les Beastie Boys. Tout le monde connait désormais leur coté irrévérencieux et absurde mais on le comprend mieux quand on s’attarde sur leurs comiques préférés (et à ce titre je remercie encore Casio Hardcore pour son travail qui m’a bien aidé). Edit : Une inspiration que l’on retrouve dans le clip Fight for Your Right Revisited, avec la présence de Jack Black, Elijah Wood, Seth Rogen, Will Ferrell ou John C. Reilly

On retrouve en effet à plusieurs reprises des extraits de sketches dans les morceaux des Beastie Boys, en particulier Cheech and Chong, Steve Martin ou Richard Pryor. Des noms pas forcement connus dans nos contrées et c’est bien dommage.

Pur film de stoners, Up in Smoke/Faut trouver le joint est loin d’être une grande comédie mais les personnages de losers enfumés interpretés par Cheech Marin et Tommy Chong nous offrent des moments hilarants et devenus cultes dans la jeunesse américaine. On retrouve d’ailleurs des clins d’oeil au duo chez Cypress Hill ou, plus récemment, dans Machete, de Robert Rodriguez, avec l’apparition de Cheech Marin dans le rôle d’un curé .

Autre comique relativement peu connu en France avec Steve Martin, mais la c’est plus regrettable. Enquillant depuis les années 90 des films oubliables (comme les remakes de la Panthère Rose) ,  Steve Martin est peut-être ce qui se fait du plus proche de l’esprit Beastie Boys. A savoir du décalage, de l’improvisation et une folie en continu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Attention, le son n’est pas génial

Et pour l’apprécier à sa juste mesure, trois films à voir absolument (en VO) : Un vrai schnock (The Jerk) et L’Homme aux deux cerveaux (The Man with Two Brains) de Carl Reiner et Le plus escroc des deux (Dirty Rotten Scoundrels) de Frank Oz avec Michael Caine.

Concluons sur LE comique noir américain : Richard Pryor. Une tchatche de dingue et une inspiration essentielle pour des types comme Eddie Murphy, Chris Rock, David Chapelle ou Robin Williams. Si sa carrière au cinéma avait bien débuté (collaborations avec Mel Brooks et Gene Wilder, comme sur Le Shériff est en prison), ses propos qui n’épargnent personne (à l’image d’un autre grand comique, Lenny Bruce) lui fermeront beaucoup de portes.

Ceci, conjugué à des problèmes de drogue, l’éclipsera de l’affiche au profit d’Eddie Murphy. Je vous conseille malgré tout de regarder Comment claquer un million de dollars par jour qui, bien qu’inoffensif par rapport à ce qu’il faisait sur scène, reste un film amusant et à l’idée de base originale. A voir également, un documentaire qui vous éclairera sur l’importance de Richard Pryor et des autres humoristes afro-américains : Why we laugh, Black Comedians on Black Comedy.

Pour aller plus loin

Articles et reportages

Commençons par les ressources disponibles en français qui sont, somme toute, relativement peu nombreuses au regard du succès du groupe. Si vous vous êtes perdus dans mon guide galactique et accessoirement bordélique, vous pouvez lire, en dehors de l’habituelle fiche Wikipedia, un article de Vincent sur le site Musity ou celui de MC23 sur Hip Hop Core. Deux articles sous forme chronologique sans fioritures et bien écrits.
Je vous conseille sinon l’article de RabbitInYourHeadlights sur Indie Rock Mag qui aborde le groupe sous un angle original, celui du mash-up.

Heureusement qu’Arte est là sinon, avec un article de Paul Rambali dispo sur arte.tv, adaptation internet du reportage diffusé en 2009 sur la très bonne émission Tracks. Et toujours pour parler de Tracks, l’émission avait également diffusé un reportage en 2007, à l’occasion de ses 10 ans, visible (et un grand merci au passage à Unofficial Website Tracks qui a archivé une partie des reportages) juste en dessous :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour les articles en anglais, j’avoue avoir un peu la flemme de vous faire un listing, surtout que nous y reviendrons un peu plus bas. A noter quand même un article de Noel Dix sur Exclaim, chronologique et exhaustif,  et un papier de Jonah Weiner qui liste une série d’anecdotes sur les Beastie.

Ressources

Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentionner le site officiel des Beastie Boys… Enfin si après tout, mais juste pour vous conseiller de suivre les petites vidéos et commentaires d’Adrock et Mike D et d’aller faire un tour sur leur forum.

Fuyez Beastieboysremixes qui semble avoir rendu l’âme mais ruez vous sur deux sites indispensables : Beastiemania et Beastiemixes. Le premier est juste impressionnant en terme d’informations et me fut d’une grande aide pour réaliser ce guide. Le deuxième met quant à lui l’accent sur l’un des grands atouts des Beastie : la facilité avec laquelle il est permis de remixer, récréer à partir de leurs morceaux.

A ce propos, la section bootleg mérite à elle seule le détour. Outre des albums spéciaux et des raretés, vous pourrez y trouver les compilations, réalisées par Casio Hardcore ( son blog ici), avec l’ensemble des samples utilisés par les Beastie Boys sur chacun de leurs albums.

Un travail d’une patience incroyable qui prouve deux choses. La première c’est que l’on trouve toujours quelqu’un de plus barré que soi dans une passion. Et la deuxième c’est l’immense culture musicale des Beastie. Outre leur définitif Paul’s Boutique (plus d’une centaine de morceaux samplés – pour le détail c’est ici), le groupe est capable d’utiliser tout ce qui leur passe sous la main, de Black Sabbath à Grand Funk Railroad, ou de Johnny Cash à Africaa Bambaatta.

Bref, si vous voulez découvrir ou rédécouvrir la musique, ces compilations sont indispensables.

Pour l’actualité du groupe, vous pouvez bien entendu suivre le site officiel mais ajoutez à vos lectures Mic to Mic. Le rythme de parution est assez calme mais c’est toujours intéressant. A signaler de plus la galerie photo du site qui contient des pépites, dont pas mal de photos de Glen Friedman.

Enfin terminons par deux sites originaux : Beastie Boys Annoted qui nous éclaire sur les paroles de quelques chansons et ce FAQ qui répondra à vos principales interrogations sur le groupe.


Photomontage à partir des images : AttributionShare Alike stallio et AttributionNoncommercial ewitch

Article initialement publié en 2 parties sur Centrifugue

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Spéléologie urbaine à Brooklyn http://owni.fr/2011/05/08/speleologie-urbaine-ville-newyork-brooklyn-art/ http://owni.fr/2011/05/08/speleologie-urbaine-ville-newyork-brooklyn-art/#comments Sun, 08 May 2011 14:45:47 +0000 Louis Imbert http://owni.fr/?p=61253 MAJ le 9 mai : Quatre explorateurs urbains ont été arrêtés hier et sont poursuivis pour être entrés illégalement dans les tunnels du métro new-yorkais. Ils avaient avec eux bougies, feux d’artifice et appareils photos. Les risques du métier.

Un groupe d’une vingtaine de personnes, jeunes pour la plupart et élégantes en chaussures de ville, à barbes fournies, traverse un mur de béton effondré, débouchant du canal de Gowanus, à Brooklyn, sous les murs de brique rouge d’une centrale électrique désaffectée. Elles se rassemblent sur le parvis jonché de branches d’arbres épaisses, débitées il y a quelques années et laissées là, blanchies.

Ils observent les quatre étages de l’usine, l’immense tag blanc qui court sur son fronton – “OPEN YOUR EYE GIRL” – les fenêtres alternativement bordées de fer et ouvertes au vent. Derrière, sur le canal, du linge sèche entre les deux fenêtres d’une maison flottante, accrochée à la rive du cours d’eau le plus pollué de New York.

On se demande ce que ces visiteurs font ici, puis on se retourne la question : nous sommes à l’intérieur de l’usine abandonnée, allongés sur le sol du quatrième étage.

Nous les observons dans l’ombre, en silence, aux côtés de Shane Perez, 28 ans, un “explorateur urbain” qui depuis dix ans parcourt les friches de New York : des stations de métro désaffectées, des hôpitaux psychiatriques à l’abandon, des usines, des tunnels d’égouts, des collecteurs d’eau… Tout ce qui rouille et paraît inaccessible au citadin moyen; les structures secrètes de la ville.

Soudain, Perez se lève et se met à courir d’un bout à l’autre de l’étage, passant devant trois arcades ouvertes. Les visiteurs ont aperçu une ombre, ils se taisent, ils hésitent.

L’important, dit Perez, c’est qu’ils doutent. C’est le mystère.

Quelques minutes plus tard, nous sommes de nouveau seuls.

Un petite communauté secrète

Perez et son petit monde d’explorateurs, appelés aussi “historiens-urbanistes-guérilleros” ou “spéléologues urbains” – les noms et les pratiques varient d’un groupe à l’autre – forment une communauté semi-secrète, pas très légale et extrêmement active à New York. Ils se sont organisés à la traîne des mouvements de graffeurs apparus dans les années 1970.

La plupart se baladent appareils photo en mains, photographiant les tags croisés au fil de leurs explorations. “Les graffeurs sont toujours passés avant toi, quoi que tu fasses”, dit Shane Perez. Ils sont nombreux à alimenter des blogs qui croisent d’autres scènes à Boston, Chicago, Los Angeles, Paris, Rome et Berlin…

Ils ont en commun une envie enfantine d’aller voir derrière les panneaux “No Trespassing”, de comprendre comment la ville marche en prenant de-ci, de-là, une décharge d’adrénaline.

J’aime voir comment les choses reviennent à leur état naturel quand nous les abandonnons ; comment elles se délabrent, disait Perez en février dernier, alors que nous visitions une station de la ligne ferroviaire qui reliait Long Island City à Manhattan Beach jusqu’en 1924. Des arbres avaient poussé au milieu de la plateforme. Avec le temps, tout ça sera effacé, disait-il.

Notre usine au bord du canal de Gowanus transformait du courant alternatif en courant continu pour alimenter les lignes d’une compagnie de métro privée absorbée par l’État de New York en 1968. Les machines ont disparu. Restent quatre immenses étages couverts de graffitis, squattés jusqu’il y a deux ans environ par un groupe de punks.

On y croise un petit chien de faïence en équilibre dans l’escalier. Deux pendules accrochés au plafond du deuxième étage se balancent dans les bourrasques de ce dimanche d’avril, lumière vacillante : une carcasse de vélo d’enfant liée à six jantes et une peluche du diable de Tasmanie des Looney Tunes ; sa bouche crevée largement ouverte laisse filer des petites balles de polystyrène dans le vent. Il y a encore des chambres inhabitées dans les sales adjacentes aux hangars, tristes, avec du matériel de peinture, du verre brisé collé aux murs, des autocollants de la série télévisée Jackass à têtes de mort et béquilles croisées, cette inscription à cheval sur deux cloisons :

Runaway train, runaway train never going back.

Depuis le toit branlant de l’usine, la vue sur les maisons de briques de Brooklyn, qui s’étalent jusqu’aux buildings de Manhattan, déjà illuminées, est saisissante.

Le fond de ce genre d’expérience, dit Steve Duncan, 32 ans, un pilier du petit milieu des explorateurs new-yorkais, c’est de faire un pas dans le noir et de se retrouver seul là-dedans, parfois en escaladant, en se faisant peur avec l’altitude. L’intensité [de l'expérience] permet d’ancrer ces lieux dans vos souvenirs.

New York est un terrain de jeu

Combien y-a-t-il d’explorateurs urbains à New York? Un journaliste du New York Times citait récemment Bob Dylan à ce propos, à qui l’on demandait en 1965 combien de chanteurs contestataires l’Amérique comptait. Réponse sarcastique de Dylan: “Uh, combien? A peu près 136, je pense.” Quoi qu’il en soit, pour le petit jeu des explorateurs, New York offre un terrain hors norme.

D’abord parce que la ville affiche un vaste réservoir de bâtiments abandonnés, bien que diminuant à vue d’œil. Personne ne les compte ici, mais on peut se faire une idée du nombre en évaluant le délabrement du parc immobilier actif : en 1999, près de 20% des habitations de New York souffraient de sévères violations des normes de salubrité, essentiellement dans le Bronx et à Brooklyn. En 2010, le taux était tombé à 5,5%, selon le Centre Furman pour les politiques immobilières et urbaines, à l’Université de New York.

Brooklyn, ancien poumon industriel de cette ville essentiellement portuaire et commerçante, compte encore quelques beaux restes d’usines. “Ces deux dernières années, la moitié de mes visites d’usines, je les ai faites juste avant qu’ils ne commencent des travaux de démolition”, dit Joe Anastasio de ltvsquad.com, 37 ans, l’un des plus anciens explorateurs de New York, qui garde toujours un œil ouvert sur les panneaux annonçant l’ouverture d’un chantier.

Anastasio est l’un des meilleurs connaisseurs du métro new-yorkais, l’un des terrains favoris des explorateurs locaux. Trois compagnies privées ont développé ce réseau tentaculaire à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, chacune avec des normes différentes : les rails et les wagons ne correspondent pas, rien n’a été unifié depuis.

Le réseau fonctionne 24 heures sur 24, il mêle lignes express et locales et affiche un nombre incalculable de stations abandonnées, de caves et recoins avalés par des constructions postérieures, comme cette étrange cave à vin, propriété d’une compagnie dissoute au début du 20ème siècle, qui domine en haut d’une crête, une station où les trains ne s’arrêtent plus. “C’est calme là-bas” dit Anastasio, “étrangement relaxant.”

Balades illégales dans le ventre de la ville

Steve Duncan, un grand type au visage osseux, aux cheveux blonds filasses, facilement lyrique quand on le branche sur son sujet, a commencé ses explorations en étudiant à l’université de Columbia en 1996 : il s’intéresse au projet Manhattan, qui donnera naissance à la bombe atomique en 1945. Des expériences avaient été menées à Columbia à la fin des années 1930.

Je cherchais des tunnels secrets dont les étudiants parlaient, dit Duncan. Je ne les ai pas trouvés mais descendre là-bas, c’était excitant, c’étaient des couches d’histoire qui se révélaient peu à peu, des vestiges.

Depuis, Duncan a continué sous terre. Il a tenté de creuser une voie d’accès sous le tunnel du train Amtrack, qui court le long de la Hudson river, sans savoir qu’une entrée plus facile était et reste ouverte au nord. Le tunnel permet de descendre quelques 55 rues de New York en ligne droite, le sifflement des trains y est assommant.

Selon Duncan, et une dizaine d’explorateurs rencontrés pour cet article, il est impossible de marcher plus de trois kilomètres dans une structure abandonnée à New York – la plus longue marche possible semble passer par une série de stations abandonnées dans le Sud de Manhattan, reliées par une autre en activité. Nombre d’explorateurs citent les catacombes de Paris en modèle pour passer plusieurs jours de rang sous terre. Duncan cite également les carrières qui trouent le sous-sol d’Odessa, en Ukraine et celles de Naples – un monde de huit millions de mètres-cubes.

A New York, les lieux sont cloisonnés, dit Duncan, “à chaque fois c’est un monde fermé.

À moins bien sûr de passer par les tunnels de métro actifs, à vos risques et périls. Cette année, entre le 1er janvier et le 12 avril, 28 personnes y ont été heurtées par des trains et 16 sont mortes, selon une porte-parole de la MTA, la compagnie qui gère le métro new-yorkais. Impossible de savoir combien de ces cas représentent des suicides. Aucun explorateur rencontré pour cet article ne se souvient d’un accident majeur impliquant l’un des leurs.

Les randonnées de Duncan et de ses camarades impliquent bien souvent d’ignorer les lois de la propriété privée. Mais elles ne mènent pas bien loin : 50 à 150 dollars d’amende, une nuit en prison et au pire, une citation à comparaître. La sentence sera plus lourde pour qui se promène avec une bombe de peinture dans son sac.

Si vous vous baladez en coupant les serrures et en enfonçant les portes, quelqu’un finira par s’énerver, dit Shane Perez. Moi je prends simplement des photos, je laisse tout en l’état.

Documenter la ville abandonnée

En février dernier, Shane Perez nous emmenait dans un tunnel de fret désaffecté dans le quartier d’East New York, à Brooklyn. Pendant une petite heure, nous avancions dans le noir entre les rails, éclairés seulement par nos lampes frontales ; puis longeant un train de marchandises infini, nous trébuchions sur le ballast, dans un espace juste assez large pour y passer deux épaules, le dos collé alternativement aux parois du tunnel et aux wagons.

La ballade avait quelque chose d’hypnotique, on attendait le bout du tunnel, on espérait que le soleil ne serait pas couché à la sortie mais impossible de savoir. A l’arrivée, on débouchait sur d’autres trains qui semblaient immobilisés depuis un bail, tagués frais de la veille – une bombe rose était renversée sur la neige, la peinture avait giclé autour… Et pas grand-chose d’autre. Au final, ce n’était qu’un tunnel sale et il était difficile de ne pas se sentir frustré, de ne pas regretter un résultat plus tangible pour l’effort accompli.

“On ne cherche pas des trésors”, dit SeungJun Kim, 37 ans, exploratrice depuis trois ans et ancienne archéologue – elle a fouillé quatre ans sur un site grec de Sicile, à Selinunte.

Comme en archéologie, une large part du jeu, ce n’est pas de trouver de beaux objets mais de saisir un peu du contexte des lieux : de déterrer une strate d’histoire après l’autre. Elle ajoute une dimension tactile : L’important, c’est d’aller se placer physiquement dans cet espace.

SeungJun Kim, qui enseigne l’histoire de l’art à Columbia, parle de maisons abandonnées à proportions humaines – de l’impression physique que l’on ressent devant un sol écroulé au milieu d’une pièce, face à une série d’escaliers devenue inaccessible. Elle parle de dessins d’enfants – ce que représente une maison, un foyer – et de proportions architecturales classiques, calquées sur la nature et le corps humains, ou inhumaines, comme celles de nos usines et tunnels. Elle parle aussi du plaisir un peu idiot d’escalader le pont de Brooklyn, pour aller voir Manhattan de là-haut.

“De nombreuses infrastructures de New York ont été bâties pour être admirées comme des monuments publics”dit Stanley Greenberg, un photographe qui a publié deux livres sur le système d’alimentation en eau et les infrastructures secrètes de New York. Au début du 20ème siècle, “les gens partaient en excursion le week-end pour aller voir ces lieux, c’étaient des endroits magnifiques”. Les new-yorkais allaient pique-niquer sous le vieil aqueduc de Croton, au nord de Manhattan. “Plus tard, dit Greenberg, nous avons construit des structures plus secrètes, des architectures en phase avec la période de guerre froide. »

Traîner dans ces égouts et ces caves, cela demande une passion un peu maniaque, un groupe pour vous motiver ou une imagination enfantine relativement intacte, celle des maisons hantées du Queens que Joe Anastasio a commencé à explorer vers ses 13 ans, pour continuer pendant 24 ans un peu partout à New York.

Dans les tunnels, il n’y a plus que vous et votre cerveau, dit-il, et si vous ne savez pas vous tenir compagnie, alors vous ne devriez pas être là-bas tout seul.


Retrouvez notre Une sur les explorateurs urbains (illustration CC Loguy)
- Une galerie Street Art dans le ventre de New York
- Miru Kim: la ville, nue

Vidéo UNDERCITY par Andrew Wonder sur Vimeo

Crédits photos : Steve Duncan, Undercity et Rebecca Perdue © tous droits réservés

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Broken Wings by Melo X feat Jesse III http://owni.fr/2011/02/22/broken-wings-by-melo-x-feat-jesse-iii/ http://owni.fr/2011/02/22/broken-wings-by-melo-x-feat-jesse-iii/#comments Tue, 22 Feb 2011 14:56:25 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30448 Melo-X est un Emcee, producteur, DJ, turntablist, ingénieur du son, photographe…du quartier de Flatbush à Brooklyn. Il a joué avec les sons de Maxwell, Amy Winehouse, Jade, Quadron ou encore Raphael Saadiq et a collaboré avec des artistes tels Nina Sky, Mikey Factz, Amazed ou comme ici Jesse Boykins III qui, élève de la New School, prend des cours de chant avec Bilal. Eh oui, il y a des zone géographique ou le bon son coule de source et nous sommes ravis de sortir Melo-X du décor.

Pourrais-tu nous résumer ton parcours artistique en quelques lignes ?

Eh bien j’ai commencé  assez jeune en m’enregistrant lors de jam sessions dans ma chambre. Je vidais mon coffre à jouets et faisais comme si c’était une batterie. J’avais aussi un petit piano que ma mère m’avait acheté. J’imagine que cela m’a marqué en tant qu’enfant et depuis, j’ai toujours fricoté avec la musique. J’enregistre et je mixe de la musique depuis 14 ans. Depuis, j’ai voyagé dans le monde entier en tant qu’artiste et DJ.

Pourrais-tu nous en dire plus sur “More Merch”?

More Merch a été inspiré par mon projet précédent intitulé Rise of the Merch. A la suite de ma tournée en tant que DJ des Kid Sisters, j’ai eu énormément de bons retours, surtout à Melbourne. Quand je suis rentré, j’avais juste envie de créer et de me concentrer à 100% sur ma vie de musicien. Alors, après Rise of the Merch, je voulais juste donner plus de musique aux gens, plus de moi, de ma vie et de mes expériences avec l’amour et les peines qui vont avec d’où le nom de More Merch.

More Merch est le projet le plus personnel que j’ai produit à ce jour. Je voulais vraiment aller un peux plus loin que Rise qui était plus une performance de mes capacités d’auteur, de producteur et DJ. More Merch est la démonstration de mes qualités de conteur et de l’expression personnelle de mes expériences passées peintes avec des mots. Je sentais que j’avais besoin de sortir beaucoup de choses de mon coeur et de mon esprit.

En France, nous avons un débat sur ce qu’est un DJ et quel statut il devrait avoir. Pourrais-tu nous donner ta définition du métier de DJ et sa situation aux Etats-Unis?

N’importe qui passant de la musique pour un public peut être qualifié de DJ. Mais se faire appeller DJ pour de vrai est un peu différent. Cette dénomination a une histoire et un héritage. Je respecte toute sorte de DJ. Il y a certains DJ qui peuvent faire bouger une foule pendant des heures comme il y a des techniciens qui peuvent participer à de réelles battles (compétitions de DJ) de top niveau.

Les deux ont leurs place dans le monde des DJ et les deux sont nécessaires. Maintenant, être un bon DJ, c’est un autre débat.

La licence de musique est aussi un débat actuel global. Obtiens-tu facilement l’autorisation des artistes quand il s’agit de commercialiser un remix ? Est-ce une activité qui coûte cher ?

En effet, ça peut être très cher. Mais parfois, si ça a du sens pour l’artiste et le label, ils vont travailler avec toi. Par exemple, j’ai fait un EP remix instrumental pour l’album de Maxwell “BLACKsummersnight”, lauréat d’un Grammy Award. C’était tout simplement mes propres remix des samples de son album. Il a entendu parler du projet qui l’a emballé et a commencé à en parler sur Twitter. Son label Sony Music a aussi apprécié mon travail et m’a contacté pour acheter l’un des remixes. Ils l’ont utilisé comme titre de cloture pour sa tournée mondiale. Là, c’est un cas où l’artiste et le label on compris ma vision. Ca n’arrive pas toujours comme ça mais si tu t’appliques à faire de ton mieux, tout est possible.

More Merch est disponible en téléchargement gratuit, pourrais-tu nous expliquer ce choix?

J’ai décidé d’offrir More Merch gratuitement parce que je voulais qu’il soit accessible pour ma fan base en croissance. Beaucoup de gens disent qu’ils paieraient pour mes projets. J’aime créer ces projets avec autant de passion qu’un artiste signé le ferait. Je pense que cela permet de créer une plus grande connections avec tes fans principaux, ça leur donne l’impression d’être important et ils le sont.

Aussi, certains titres, qui nécessitent un gros travail administratif afin de clearer les samples et obtenir l’autorisation des artistes peuvent être offerts en téléchargement sans trop de répercussions. De cette manière, ta créativité n’est pas bridée par les contraintes d’une industrie musicale capricieuse.

Utilises-tu beaucoup internet et les reseaux sociaux? Quelles répercutions cela a-t-il sur ta carrière?

Les medias sociaux sont mon outil principal de distribution et de connection avec mes fans. Ceci a joué un rôle majeure dans le développement de ma carrière.

Je suis connecté avec des fans en Europe, en Angleterre, au Japon et pleins d’autres pays. Aujourd’hui, tu peux vraiment profiter des outils qui te sont donnés gratuitement.

Je me connecte avec des gens via Facebook, Twitter et Tumblr tous les jours. S’investir dans tous ces genres d’outils internet sociaux peut vraiment avoir des conséquence sur la diffusion de ton art à travers le monde.

Que penses-tu des changements que subit l’industrie de la musique?

Je pense que le changement c’est très bien. De plus en plus d’artistes avec une forme d’intégrité deviennent des stars et gagnent des récompenses. Le simple fait que Esperanza Spalding (ndlr: site à visiter absolument!) ai battu Drake et Justin Beiber dans la catégorie du meilleur nouvel artiste aux Grammy Awards montre où va l’industrie. Je pense que tous les trois méritaient cet Award parce qu’ils sont les meilleur chacun dans leur genre mais ça montre juste que les aiguilles commencent à pointer dans une direction différente. Il y a de plus en plus d’artistes indépendants qui tournent dans le monde.

L’industrie est finalement en train de s’adapter au principal de leur business, “les artistes”.

Quel est le dernier album, livre, spectacle, exposition ou film qui t’ait touché?

L’année dernière, j’ai vu “Radiant Child” qui est un film sur de Basquiat. Ca m’a vraiment touché positivement. J’ai beaucoup appris sur sur comment il est devenu si organisé pour servir son art et ça m’a fait remarquer les similarités et différences entre le New York d’avant et celui d’aujourd’hui.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Quels sont tes projets pour le futur?

Mon prochain projet c’est une tournée mondiale. J’ai de super amis et supporters dans le monde, alors je vais faire en sorte de pouvoir amener mon son et ma présence sur des scènes du monde entier.

Sinon, je vais aussi sortir plusieurs vidéos pour More Merch et me préparer pour mon premier EP officiel intitulé Crown Royal et mon premier album officiel instrumental de musique Electronique intitulé Sonic Intercourse.

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Crédits photos tous droits réservés: Tone et anonymous

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